Check-up : les bilans de santé ont-ils un intérêt ?
13 octobre 2022
A l’orée de la quarantaine ou de la cinquantaine, parfois même avant, il peut être tentant de faire un point sur son état de santé général, même si on ne présente ni risque connu ni symptôme. Mais les bilans de santé peuvent avoir des effets pervers, estime la revue Prescrire.
Bilans sanguins, analyses d’urine, audiométrie, électrocardiogramme, échographies… Voilà les examens proposés par certains établissements privés dans le cadre d’un « bilan de santé », « check-up » ou « bilan médical ». Des examens médicaux et paramédicaux qui se déroulent en quelques heures ou sur une journée, souvent onéreux, non remboursés par l’Assurance-maladie, et destinés à celles et ceux qui souhaitent faire un point sur leur santé et agir en prévention.
Mais si l’intention est compréhensible et louable, « il n’est pas démontré que les “bilans de santé” chez des personnes apparemment en bonne santé aient un intérêt pour la plupart des personnes », signale la Revue Prescrire dans son édition d’octobre. Pour parvenir à cette conclusion, la revue indépendante s’est appuyée sur une synthèse méthodique de 19 essais randomisés et 13 études observationnelles « visant à évaluer les effets des “bilans de santé” chez des personnes asymptomatiques ».
Surdiagnostic et surtraitement
Cette synthèse montre par exemple que dans les 9 essais réalisés chez les moins de 65 ans (entre 1 600 et 60 000 personnes incluses, selon les essais), il n’y a pas eu de « différence statistiquement significative de mortalité entre les groupes avec ou sans “bilan de santé” ». Et dans les 4 essais qui n’ont inclus que des plus de 65 ans, les effets sur la mortalité se sont révélés « discordants ». Cependant, « quelques résultats positifs pour les patients ont été rapportés dans le domaine du repérage et du contrôle de facteurs de risque cardiovasculaire ».
La conclusion de Prescrire est sans appel : « de tels “bilans de santé” exposent à la découverte et au traitement d’affections qui n’auraient entraîné ni symptômes ni la mort (surdiagnostic et surtraitement) et aux effets indésirables de ces traitements inutiles. Au total, les données d’évaluation ne démontrent pas que la réalisation, périodique ou non, de tels examens influence tangiblement l’état de santé des personnes qui s’y soumettent ». Les auteurs appellent donc à la mesure et estiment que mieux vaut ne proposer que les dépistages « qui ont une balance bénéfices-risques démontrée favorable pour les patients ».
A noter : L’Assurance-maladie organise des examens de prévention en santé (EPS) qui s’apparentent à des bilans de santé et sont totalement pris en charge. Ouverts sur demande à tous les assurés, ils s’adressent en priorité aux publics éloignés des systèmes de santé et en situation de précarité.
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Source : Prescrire, Assurance-maladie - Octobre 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche