Cheveux crépus : victimes de la mode du « lisse à tout prix »

16 janvier 2012

Avoir une chevelure à la fois raide, soyeuse et facile à coiffer ! C’est le rêve – d’ailleurs un peu contradictoire… – de bien des femmes aux cheveux crépus. Défrisage, lissage, nattage… plusieurs techniques sont utilisées notamment par de très nombreuses femmes noires ou métisses,. Résultat : elles agressent leurs cheveux en permanence…

« Contrairement au cheveu caucasien, le cheveu crépu présente une section aplatie. Cela lui confère une allure en tire-bouchon, particulièrement difficile à coiffer », explique le Dr Corinne Jouanique, dermatologue spécialiste du cuir chevelu au centre Sabouraud de l’hôpital Saint-Louis, à Paris. Du coup, comme la mode est aux cheveux lisses, la majorité des femmes noires pratiquent aujourd’hui le défrisage.

Pour cela, elles appliquent – ou font appliquer par leur coiffeur- un produit chimique destiné à transformer leurs boucles serrées en baguettes. « Même si l’industrie cosmétique essaie depuis ces dix dernières années, de mettre au point des produits moins agressifs, aucun n’est anodin », indique la Société française de Dermatologie (SFD) sur son site Internet.

L’objectif de ces préparations est de casser la structure en forme d’hélice du cheveu crépu. Mais à quel prix ? Ce type de produits « abîme le cheveu », ajoute Corinne Jouanique. D’autant que pour obtenir un résultat persistant, elles doivent les appliquer toutes les six à huit semaines.

Chauve à force de tirer ses cheveux

Agressé en permanence, le cheveu fini par s’affiner et devenir cassant, surtout après des années de ce traitement. « Une alopécie que l’on dit ‘de traction’ est alors parfois observée », souligne notre spécialiste. Elle est caractérisée par la perte de plaques de cheveux en bordure du front. D’après la SFD, « 5% des personnes à la peau foncée se plaignent de perte de cheveux, majoritairement des femmes ». A force de les raidir avec des produits chimiques de lissage ou de les tirer en arrière au moyen d’un système de nattes ou de tresses très serrées, la bordure frontale de la chevelure se disperse. Résultat, « Les cheveux ne repoussent plus à cet endroit, ou alors sous forme de petits cheveux épars », précise le Dr Jouanique.

De nombreuses femmes noires ou métisses consultent ainsi un dermatologue lorsqu’elles observent ce début d’alopécie. « Je leur demande de ne pas faire de défrisage pendant au moins 6 mois. Le temps de la repousse », ajoute-t-elle. Et en effet, « il n’existe pas de solution miracle. Sauf à adopter la mode des années 70, quand les femmes portaient la coupe « afro » », type Jackson Five.

Quels soins ?

De petits conseils peuvent toutefois réduire le risque de développer ce type d’alopécie. « Evitez les longs brushings et les produits de lissage chimiques. Et si vous continuez à les utiliser, espacez au maximum les applications », conseille Corinne Jouanique. Les méthodes de lissage doivent être utilisées avec parcimonie, après avoir éventuellement demandé l’avis d’un dermatologue. Et dans tous les cas, « évitez de commencer trop tôt le nattage serré sur les cheveux des petites filles. Ils sont trop fins et fragiles ».

  • Source : interview du Dr Corinne Jouanique, dermatologue spécialiste du cuir chevelu et de la calvitie au centre Sabouraud de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, 12 janvier 2012 ; Société française de Dermatologie, consultée le 3 janvier 2012

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