Chikungunya : un vaccin pour 2015-2016 ?
18 août 2014
Aedes albopictus et ses rayures noires et blanches est un deux vecteurs (avec Aedes aegypti) du virus du Chikungunya. © CDC
Le vaccin contre le Chikungunya prend forme. Plusieurs équipes de recherche testent actuellement des candidats vaccins. C’est le cas de chercheurs américains dont les travaux ont été publiés ce 15 août dans la revue The Lancet. En France, l’Institut Pasteur est aussi sur le coup.
Le virus du Chikungunya est transmis à l’homme par des piqûres de moustique-tigre, de genre Aedes. Il entraîine des douleurs articulaires aiguës. La maladie est endémique principalement en Asie du Sud et en Afrique. En 2005, une importante épidémie a frappé les îles de l’Océan Indien et notamment l’Île de La Réunion avec plusieurs centaines de milliers de cas déclarés. En 2007, la maladie a fait son apparition en Europe. Le vecteur – Aedes albopictus – s’y est établi à tel point que les premiers cas autochtones dans le Sud de la France ont été recensés en 2010.
Fin 2013, le Chikungunya s’est aussi propagé aux Antilles et a atteint le continent américain où 570 972 cas déclarés ou suspects avaient été recensés au 8 août 2014. Et pour l’heure, les seuls traitements existants sont symptomatiques.
Une vaccination passive pour les Américains
A l’échelle mondiale, plusieurs équipes scientifiques travaillent sur l’élaboration d’un vaccin. Une étude publiée dans The Lancet fait état d’un « candidat » prometteur. Il vient d’être testé sur 23 volontaires et à la différence d’un vaccin classique, il n’est pas conçu à partir du virus atténué mais d’une structure inerte.
Les auteurs du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) rapportent que leur produit a permis de booster la production d’anticorps susceptibles de combattre le virus. « Et ce dans les mêmes proportions que la réponse obtenue chez des patients qui avaient été infectés – n.d.l.r. dans la vraie vie – et qui étaient guéris », a précisé le Dr Julie Ledgerwood qui a dirigé ce travail. Avant d’ajouter que ce « candidat-vaccin a été bien toléré ». Il s’agit en quelque sorte d’une vaccination passive qui nécessite des rappels fréquents.
Pasteur utilise le vaccin contre la rougeole
En France, les chercheurs de l’Institut Pasteur (Paris) ont opté pour une stratégie différente. Ils utilisent comme vecteur, le vaccin contre la rougeole dans lequel ils ont introduit les antigènes majeurs du Chikungunya. Pour cela, l’Institut collabore avec Themis Bioscience, une société autrichienne de biotechnologie.
Une étude de phase 1 vient d’ailleurs d’être réalisée à Vienne, auprès de 42 volontaires. Les résultats intermédiaires ont révélé que ce candidat vaccin était bien toléré et efficace en termes de réponse immunitaire. Une prochaine étape est d’ores et déjà prévue sur une cohorte plus importante, dans les régions endémiques.
Aux dires des scientifiques, le fait que le continent américain soit touché par le virus dans des proportions importantes devrait accélérer la mise au point d’un vaccin. Peut-être même dès 2015 ou 2016.
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Source : The Lancet, 15 août 2014 – Interview de Philippe Desprès de l’unité Interactions Moléculaires Flavivirus-Hôtes de l’Institut Pasteur - Themis Bioscience, 6 juin 2014 – CDC d’Atlanta, 8 août 2014
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Vincent Roche