Chirurgie fœtale : premier spina bifida opéré in utero en France
18 novembre 2014
La chirurgie foetale est encore une discipline médicale très récente. ©Phovoir
Une première en France. Des médecins de l’AP-HP ont opéré un fœtus dans le ventre de sa mère, au cours du 5e mois de grossesse. Atteint d’un spina bifida, le petit est né par césarienne le 9 novembre. Cette réussite est « un grand pas » pour les enfants touchés par cette malformation.
Pratiquée depuis des années aux Etats-Unis, l’intervention chirurgicale consistant à « recouvrir la moelle épinière exposée par une suture » a été réalisée en France pour la première fois cet été. En effet, le spina bifida dont souffrait ce fœtus, correspond à une ouverture anormale de plusieurs vertèbres au niveau du dos du bbé. Il s’agit de la malformation la plus fréquente du système nerveux central concernant en moyenne 1 grossesse sur 1 000.
Réalisée chez une future maman au terme du 5e mois de grossesse, l’opération a été un succès. Dans les 10 jours qui ont suivi – et sous étroite surveillance médicale -, « une normalisation des anomalies cérébrales préexistantes provoquées par la malformation a été constatée ». La jeune femme a ensuite accouché par césarienne à 8 mois le 09 novembre 2014. « Le bébé ainsi que la maman sont en parfaite santé », se félicite l’équipe de l’AP-HP.
Réduire les conséquences motrices et cérébrales
Dans plus de 90% des cas, cette malformation est diagnostiquée avant la naissance par échographie. Dans ces cas, « l’exposition de la moelle et des racines conduit à des lésions irréversibles qui peuvent entraîner une anomalie motrice au niveau des jambes pouvant en particulier compromettre l’acquisition de la marche et une anomalie de contrôle des sphincters », expliquent les médecins. De plus, par le biais d’une fuite du liquide céphalo-rachidien, « cette malformation a des conséquences sur le cerveau fœtal dont la partie postérieure s’affaisse progressivement en cours de grossesse. Les répercussions cérébrales peuvent alors compromettre le développement des acquisitions des enfants ».
Or « de nombreux travaux ont montré que la réparation prénatale de cette malformation réalisée vers 5 mois de grossesse permettait de réduire le handicap de ces enfants en protégeant la moelle, ce qui améliore la commande motrice des jambes », indique le Pr Jean-Marie Jouannic de l’Hôpital Armand Trousseau- AP-HP. « Cette opération consiste à recouvrir la moelle épinière extériorisée en réparant par une suture l’enveloppe qui normalement la recouvre, puis à suturer ensuite la peau du bébé », détaille-t-il. « Comparé à une prise charge après la naissance, les bénéfices sont plus importants. Cette réparation permet de stopper la fuite du liquide céphalo-rachidien. Le cerveau étant ainsi protégé, le développement intellectuel des enfants est amélioré. »
Cependant cette intervention n’est pas sans risque. Elle expose à un accouchement prématuré et impose une césarienne. Toutefois, « cette première est un grand pas pour les enfants atteints de spina bifida et leurs mamans. Elle permet d’ouvrir la voie à une meilleure prise en charge et d’améliorer par la suite le développement moteur et intellectuel de ces enfants », conclut le Pr Jouannic.