Chirurgie : stop au tabac pour bien cicatriser
09 avril 2015
Dans une visée tant thérapeutique qu’esthétique, le sevrage tabagique est recommandé pour limiter les complications de cicatrisation post-opératoire. ©Phovoir
En plus d’augmenter le risque de cancers et de maladies cardiovasculaires les produits du tabac ralentissent la cicatrisation cutanée. C’est pourquoi un sevrage tabagique est fortement recommandé avant toute intervention chirurgicale. Objectifs, limiter au maximum les complications infectieuses post-opératoires, favoriser le bon déroulé du processus de cicatrisation et donc réduire le temps d’hospitalisation. Les précisions du Dr Daniel Labbé, chirurgien plasticien à Caen.
« A partir de 10 cigarettes chaque jour, les risques de retards de cicatrisations, d’infections des plaies opératoires, de lâchages de sutures vasculaires augmentent », souligne le Dr Daniel Labbé. Le taux d’infection est d’ailleurs de 12% chez les fumeurs réguliers contre 2% chez les abstinents. Ces troubles de la réparation cutanée sont particulièrement repérés en chirurgie esthétique et reconstructrice. « Après une intervention buccale et/ou maxillo-faciale, la reconsolidation des tissus cutanés est en effet altérée par la nicotine ». En fait, le contact direct de cette substance avec les voies respiratoires provoque d’intenses spasmes au niveau des artères. Lesquels sont à l’origine « de nécroses de lambeaux de peaux ».
Monoxyde de carbone et nicotine incriminés
Au total, la fumée du tabac contient plus de 4 000 substances. Deux d’entre elles sont plus particulièrement impliquées dans les défauts de cicatrisation. Responsable du phénomène d’hypoxie, soit la baisse de l’oxygénation des tissus, le monoxyde de carbone est connu pour diminuer la fluidité de la circulation sanguine. Par son effet vasoconstricteur et thrombogène, la nicotine ralentit elle aussi le flux sanguin et bloque en conséquence l’apport nutritif pourtant essentiel à la réparation des lésions cutanées.
De manière générale, la diffusion de ces produits dans l’organisme freine la réponse immunitaire en réduisant l’activité des globules blancs. Ces derniers sont pourtant indispensables aux mécanismes de défense pendant la phase inflammatoire de la cicatrisation. Par ailleurs, la cigarette nuit aussi à la production de collagène, cette protéine constitutive de la matrice cutanée.
Arrêter avant l’opération ?
Face à cette fragilité évitable, il est fortement recommandé « d’arrêter de fumer avant l’opération », insiste le Dr Labbé. « Dès 3 semaines de sevrage tabagique, le risque d’infection cutanée se trouve nettement diminué ». En post-opératoire, le processus de cicatrisation étant progressif et délicat, « l’arrêt de la cigarette doit également se poursuivre dans le premier trimestre suivant l’intervention ».
Si vous devez vous faire opérer prochainement et que vous fumez, n’hésitez pas à en informer votre anesthésiste, votre chirurgien et/ou un tabacologue afin de mettre en œuvre un sevrage progressif. A noter que la recommandation de sevrage avant opération vaut également en cas d’intervention non programmée, même sans anticipation.
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Source : Interview du Dr Daniel Labbé, février 2015.
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Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Dominique Salomon