Cholestérol : l’efficacité du traitement dépend du médicament… mais aussi du malade !
10 février 2003
Inventée il y a plus de 100 ans, l’aspirine se voit encore reconnaître de nouveaux mérites. De la même façon, bien que la première statine ait été découverte dans les années 70 on élucide aujourd’hui seulement certains de leurs mécanismes d’action.
Même si l’importance de cette classe de médicaments est unanimement reconnue, les participants du dernier congrès de la Société française de Cardiologie, à Paris, se sont accordés à reconnaître que « les statines n’ont pas fini de nous étonner ». Cela étant pour éviter de se retrouver allongé sur un brancard à l’institut médico-légal, comme le montrent certaines pubs qui ne font pas dans la dentelle, il ne suffit pas de faire mesurer son taux de cholestérol. Encore faut-il se traiter sérieusement, et suivre scrupuleusement les indications de son médecin…
Depuis la publication en 1994 de l’étude 4S, les statines sont connues pour faire baisser le taux de cholestérol. Car elles bloquent un enzyme, l’HMG-CoA réductase qui joue un rôle primordial dans l’équilibre du cholestérol et des graisses. Elles ont ainsi prouvé qu’elles sauvent des vies, en agissant sur un mécanisme très profond du cholestérol. Comme l’explique le Dr Pascale Benlian (CHU Saint Antoine de Paris), « la baisse du taux de cholestérol sanguin n’est que la surface des choses. Agir sur l’HMG-CoA réductase, c’est agir sur le développement même de l’athérosclérose, sur des mécanismes importants que l’on ne peut pas forcément mesurer ».
Cet enzyme en fait, est présent dans tous les tissus de l’organisme. Et si toutes les statines ont en commun de l’inhiber, « toutes n’agissent pas de la même manière. Cela dépend de la pharmacocinétique (du comportement dans l’organisme, n.d.l.r.) de chaque produit. Il existe donc de petites différences entre les différentes statines ». Ce qui explique par exemple, pourquoi les problèmes qui ont entraîné le retrait du marché de la cérivastatine n’ont pas été observés avec d’autres. Ce qui explique aussi, que certains de ces médicaments aient des effets supérieurs à d’autres.
Les mécanismes de régulation qui interviennent à ce niveau sont extrêmement complexes. Mais les participants au congrès de Paris ont souligné que « le gain clinique particulièrement important de l’emploi des statines a été étendu par l’étude HPS ». Publiée dans le Lancet en juillet 2002, l’étude HPS – ou Heart Protection Study – a été menée à la demande de la Sécurité sociale britannique pour évaluer l’efficacité d’un traitement au long cours par la simvastatine, qui avait inauguré voici plus de 15 ans la génération des anticholestérol actuels. Etude concluante, puisque après 5 ans de traitement quotidien « la simvastatine apporte une réduction globale du risque vasculaire de 24%., (…) quel que soit le niveau initial de LDL-cholestérol. »
L’intérêt du traitement est donc considérable. Mais sa pleine efficacité repose sur le respect scrupuleux de la prescription du médecin, et sur le suivi pas à pas de l’évolution du LDL-cholestérol. Pour la Société française de Cardiologie en effet, « L’absence de dosage du LDL-cholestérol au cours du traitement équivaut (…) à ne pas surveiller le niveau tensionnel d’un patient après l’introduction d’un traitement antihypertenseur ! »
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Source : congrès SFC 15-18 janvier 2003 Paris, et The Lancet, vol. 344 N°8934, pages 1383-1389, The Scandinavian Simvastatin Survival Study Group (4S) et The Lancet, vol 360, July 6, 2002