Cholestérol : “le moins, c’est le mieux“
25 février 2005
Les Français sont-ils trop traités contre le cholestérol comme on l’entend ici ou là ? Ou bien ne sont-ils pas pris en charge comme il le faudrait ? En fait si près de 9 millions d’entre nous ont trop de cholestérol sanguin, seulement 6 millions sont traités.
Dont une moitié qui n’arrive pas à descendre à un niveau satisfaisant. En la matière et comme le souligne le Pr Eric Bruckert, cardiologue à la Pitié Salpêtrière à Paris, “le moins, c’est le mieux. Il n’est pas dangereux d’abaisser au maximum le cholestérol“. Or il ne suffit pas de manger moins de tartines de beurre pour le faire baisser. Certes l’excès de graisses dans l’alimentation, surtout de graisses animales, est à combattre. Mais la majeure partie du cholestérol qui nous pose un problème est en fait fabriquée… par notre organisme.
Les spécialistes ont en effet identifié deux sources de cholestérol. La première, c’est le foie. Une véritable usine qui fabrique bien des choses, dont du cholestérol. Depuis 15 ans, les médecins disposent de moyens efficaces pour freiner les cadences sur les chaînes de production hépatiques de cholestérol. Il s’agit des statines, dont l’efficacité est clairement établie.
Deux sources, deux armes
Mais il y a aussi l’intestin, qui joue un rôle considérable dans ce domaine. C’est là en effet, qu’est absorbé le cholestérol qui vient non pas des tartines de beurre, mais essentiellement des sels biliaires. Or jusqu’à maintenant, nul n’arrivait à empêcher l’absorption par l’intestin du seul cholestérol. Les médicaments ne faisaient pas le tri. Ils bloquaient tout, et notamment les vitamines et… les autres médicaments nécessaires à ces patients.
Un nouveau traitement, disponible depuis peu, répond à ce challenge. C’est l’ezetimibe, le 1er inhibiteur de l’absorption intestinale du cholestérol, qui associé à un régime et à une statine, complète ainsi les moyens de lutte contre l’excès de cholestérol. Notamment pour celles et ceux qui ne parviennent pas à le contrôler efficacement. Une avancée intéressante car il n’est pas possible d’augmenter indéfiniment les doses de statines sans risque pour le foie, voire les muscles.
Le Pr Alain Castaigne dirige le service de cardiologie au CHU Henri Mondor de Créteil. A ses yeux, “il est fondamental de faire baisser les facteurs de risque, mais sans faire courir de danger au patient“. Utilisé en complément d’une statine, ce nouveau traitement entraînerait une réduction supplémentaire de 25% du LDL-cholestérol. De quoi faire reculer encore le fléau des maladies cardiovasculaires.