Cigarette électronique : mieux vaut fraise que tabac
11 juin 2020
Depuis leur apparition dans les années 2010, les cigarettes électroniques aromatisées ont souvent été accusées d'être une porte d'entrée vers le tabagisme chez les jeunes. Au point que les Etats-Unis les ont récemment partiellement interdites. A tort, selon une vaste étude américaine.
Aux Etats-Unis, le gouvernement a durci en début d’année la législation vis-à-vis des cigarettes électroniques aromatisées : pour les produits au design de clé USB et fonctionnant avec des recharges, exit les saveurs fraise, fruit de la passion, mangue ou chewing-gum. Seuls les arômes tabac et menthe restent autorisés. Pourquoi ces produits ? Parce qu’ils sont très prisés des jeunes. Et parce que l’ « épidémie » de l’été dernier a laissé des traces : une cinquantaine de morts et environ 2500 personnes ont été hospitalisées des suites d’atteintes pulmonaires.
Cause probable mais sans doute pas unique de cette « épidémie » : des liquides de vapotage frauduleux, achetés sur le marché noir et coupés avec de l’acétate de vitamine E, une substance potentiellement nocive, selon une étude du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) parue le 20 décembre 2019 dans le New England Journal of Medicine. Suffisant pour modifier la loi, même si les fioles de liquides aromatisés autre que tabac ou menthol restent elles en vente libre.
Pas d’augmentation du vapotage
Voilà pour le contexte. Mais que dit l’étude tout juste publiée dans le Journal of the american medicine association (Jama) ? Les chercheurs ont essayé d’estimer l’éventuel effet de l’arôme des cigarettes électroniques, aussi bien auprès des jeunes que des fumeurs essayant d’arrêter la cigarette. Ils se sont basés sur une cohorte de 17 929 vapoteurs, qu’ils ont classés par tranche d’âge : les adolescents de 12 à 17 ans, les jeunes adultes de 18 à 24 ans, et les adultes de 25 à 54 ans.
Ces vapoteurs ont été interrogés à trois reprises sur leur consommation, entre 2013 et 2018. Et le résultat est en contradiction avec la décision politique prise en début d’année. Selon l’étude, les cigarettes électroniques aromatisées avec des saveurs autres que le tabac – celles que le gouvernement a partiellement interdites, donc – ne sont pas associées avec l’augmentation du vapotage chez les jeunes. Et pour les anciens fumeurs qui auraient commencé à vapoter avec ce type de saveurs, les chances d’arrêter réellement la cigarette seraient plus importantes qu’avec des cigarettes électroniques aromatisées… au tabac.