Cigarettes : encore plus dangereuses avec du menthol ?

17 novembre 2014

« Dans les produits du tabac, la menthe n’est pas seulement un parfum ». Des médecins américains sonnent l’alarme : le cocktail nicotine-menthol serait particulièrement dévastateur pour les poumons. La présence de menthol diminuerait l’irritation bronchique ressentie par le fumeur à chaque bouffée. Conséquence, il inhalerait encore plus de nicotine et autres goudrons.

Avec son équipe du Georgetown University Medical Center (Etats-Unis), le Dr Kenneth Kellar est parti d’un constat simple : « nous savons que les pastilles de menthe tendent à calmer un mal de gorge », explique-t-il. L’objet de son travail a été de déterminer comment agit la menthe lorsqu’elle est associée à un irritant comme la nicotine. Dans les cigarettes mentholées, par exemple.

Kellar s’est alors penché sur de nombreuses études réalisées sur le sujet. Il a constaté deux choses : un, aux Etats-Unis, les cigarettes au menthol rencontrent un vif succès auprès notamment des afro-américains. Deux, le taux de cancers du poumon est plus élevé dans cette population de fumeurs que dans les autres. Les cigarettes aromatisées seraient-elles en cause ?

Bientôt interdites en Europe

« Associé à la nicotine, le menthol réduit la sensation d’irritation du fumeur», estime le médecin. « A chaque bouffée, il inhale davantage de fumée et apporte plus de produits toxiques au plus profond de ses poumons ». Un constat qui reste toutefois à confirmer ou à infirmer. De quelle façon ? En se penchant notamment sur la fonction de l’un des principaux récepteurs nicotiniques appelé α3β4.

En France, la vente de cigarettes aromatisées à la vanille est interdite depuis 2009. En revanche, celles au menthol sont toujours autorisées, alors qu’elles sont aussi considérées comme une porte d’entrée dans le tabagisme. La nouvelle directive anti-tabac adoptée le 26 février 2014 prévoit toutefois de les interdire, après une période de retrait progressif de quatre ans. Sans doute pas avant 2018-2020 donc.

  • Source : Society for Neuroscience’s annual Meeting, Washington, 16 novembre 2014

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Dominique Salomon

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