Climat et Santé : agir malgré les incertitudes
20 mars 2012
« L’existence du changement climatique est aujourd’hui admise par la communauté scientifique internationale », expliquent les rédacteurs du Bulletin hebdomadaire épidémiologique (BEH), publié ce mardi. Dans un numéro thématique, ils réalisent un « exercice de prospective » pour tenter d’identifier les conséquences sanitaires de ces changements. Pas simple…
« L’analyse des impacts du changement climatique renvoie souvent à la confrontation d’hypothèses a priori contraires », explique dans l’éditorial, Alexandre Magnan, de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). La nature et l’ampleur des modifications du climat ainsi que leurs conséquences restent en effet entourées de nombreuses incertitudes.
Les auteurs se sont notamment interrogés sur l’évolution de la mortalité dans l’hémisphère Nord. Va-t-elle baisser à mesure que les températures moyennes augmenteront ? Pour Patrick Kinney de l’Université de Colombia (New York) et ses confrères du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement de Paris, la réponse prend la forme d’un grand non. « De manière surprenante et à partir d’une analyse de la littérature, nous concluons qu’il semble peu probable que la mortalité hivernale diminue avec l’augmentation des températures ».
Plus de rhumes ?
Dans le même temps, Serge Morand et son équipe du CNRS de Montpellier se sont penchés sur l’influence de la variabilité climatique sur la survenue d’épidémies de maladies infectieuses. Résultat, entre 1950 et 2010, ils en ont recensé 114, dans 36 pays. Soit une « augmentation quasi exponentielle au cours des dernières décennies ».
Les auteurs citent plusieurs maladies liées à la variabilité climatique : les méningites virales, les gastro-entérites, les fièvres hémorragiques et encore les infections à adénovirus. Autrement dit les… rhumes !
Les auteurs soulignent également que cette étude « doit être considérée comme une première étape pour de futurs travaux. » Ils relativisent en effet. Cette explosion du nombre de maladies infectieuses ne s’expliquerait-elle pas aussi par l’amélioration de leur détection ? Et quel est l’impact de l’urbanisation croissante ? De nombreuses questions restent donc sans réponses. Mais comme le souligne Alexandre Magnan, « même dans un contexte d’incertitudes, l’on doit commencer à agir ».