Cœur et sport : les 10 règles d’or pour se protéger de la mort subite

29 janvier 2024

Chaque année, en France, on estime à plus de 1000 le nombre de morts subites et à 1500 le nombre d’infarctus du myocarde non mortels survenant pendant ou dans l’heure qui suit l’effort sportif. Comment protéger son cœur lorsqu’on fait du sport ? Réponse.

Les accidents cardio-vasculaires lors de la pratique sportive sont devenus un phénomène de santé publique. Du fait de la pyramide démographique française et de la pratique d’une activité physique intensepar des personnes de plus en plus âgées, le nombre des accidents devrait augmenter dans les années qui viennent. Pour les cardiologues du sport, toucher au plus près le milieu de la course à pied reste une priorité dans la mesure où cette activité sportive semble, avec le cyclisme, la plus concernée par les accidents cardio-vasculaires. Ceci s’explique en grande partie du fait du nombre de pratiquants.

Des symptômes signalés dans un tiers des cas par les sportifs

La sensibilisation aux bonnes pratiques est incontournable. En effet, des enquêtes menées dans différentes populations sportives ont souligné que jusqu’à 70 % de symptômes aussi suspects que la douleur thoracique en étau, une arythmie ressentie ou une lipothymie (malaise progressif où le sujet a une impression de tête vide, de flou visuel, des troubles de la conscience, est en sueur et a besoin de s’allonger), voire une syncope survenant à l’effort n’étaient pas signalées par les sportifs. De plus, dans l’expérience des cardiologues du sport, on retrouve lors de l’interrogatoire post-accident des symptômes avant-coureurs dans la moitié des cas.

Les 10 règles de la bonne pratique sportive sur le plan cardio-vasculaire

1 – Je signale à mon médecin toute douleur dans la poitrine ou tout essoufflement anormal survenant à l’effort ;

2 – je signale toute palpitation cardiaque survenant à l’effort ou juste après l’effort ;

3- je signale tout malaise survenant à l’effort ou juste après l’effort ;

4 – je respecte un échauffement et une récupération de 10 min lors de mes activités sportives ;

« Les risques angineux (liés à la diminution du flux sanguin vers le cœur, pouvant causer des douleurs thoraciques) et du trouble du rythme cardiaque en cas de non-respect de cette règle sont méconnus des sportifs, regrette le cardiologue Laurent Chevalier, membre des cardiologues du sport. Si le risque de malaise vagal est connu, le risque rythmique en cas d’arrêt brutal d’une activité intense est souvent ignoré. »

5 – je bois 3 ou 4 gorgées d’eau toutes les 30 minutes d’exercice ;

Le risque vital induit par une déshydratation est largement méconnu, et comporte des troubles du rythme, de thrombus intracoronaire (caillot à l’intérieur d’une artère du cœur) et d’insuffisance rénale;

6 – j’évite les activités intenses par des températures inférieures à 5° ou supérieures à 30° et lors des pics de pollution. Le froid et la chaleur sont des éléments hostiles pour la sphère cardiovasculaire, pouvant favoriser la déshydratation, l’angor (diminution temporaire du flux sanguin vers le muscle cardiaque, communément appelé « angine de poitrine ») et les troubles du rythme cardiaque ;

7 – je ne fume jamais 1 heure avant ni 2 heures après une pratique sportive. « L’activité physique génère une inflammation relative et une hyperagrégabilité plaquettaire (les plaquettes sanguines ont tendance à s’agréger), ce qui favorise les caillots, détaille le Dr Chevalier. Dans le même temps, fumer une cigarette est à l’origine d’un état vaso-spastique, en particulier des artères du cœur (contraction soudaine et temporaire des vaisseaux sanguins, souvent liée à une réaction excessive du système nerveux, à l’origine de spasmes, ndlr). »

Bilan : avec un sang plus visqueux circulant dans des artères coronaires de diamètre réduit : tout est en place pour que survienne une occlusion des artères coronaires (on parle de « thrombus occlusif ») ;

8 – je ne consomme jamais de substances dopantes et j’évite l’automédication. Les effets délétères des produits dopants au niveau de la sphère cardiovasculaire sont multiples et démontrés. Il s’agit d’effets prothrombotiques (formation d’un caillot obstruant l’artère et bloquant le flux sanguin vers le cœur), d’effets pro-arythmiques (à l’origine de troubles du rythme cardiaque), d’effets vaso-spastiques (contraction des vaisseaux sanguins), d’une toxicité sur le muscle cardiaque, d’une hypertension artérielle induite…  Au-delà du risque à long-terme, le risque d’accident aigu est important, en particulier à l’effort.

9 – je ne pratique pas de sport intense si j’ai de la fièvre ou bien encore dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal. La présence symptomatique d’un virus au niveau des amygdales ou des bronches peut s’accompagner de la présence de ce même virus, mais silencieuse, au niveau du cœur (myocarde). Or l’inflammation induite (on parle alors de myocardite) constitue un terrain favorisant pour la survenue d’un trouble du rythme du ventricule cardiaque, mortel à l’effort. Même lorsque le cœur est sain.

10 – je demande un bilan médical avant de reprendre une activité sportive intense (après 35 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes).

Pour en savoir plus : Le site du Club des Cardiologues du Sport  

  • Source : Recommandations édictées par le Club des Cardiologues du Sport et revue CardioSport n°26/2010

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par : Vincent Roche

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