Colle pour faux ongles : fortes brûlures à travers les vêtements

02 novembre 2022

Dans la catégorie « cosmétiques dangereux », voici la colle pour faux ongles. Plusieurs cas de brûlures si graves qu’elles ont nécessité une greffe ont été rapportés ces dernières années. En cause, le surprenant mécanisme d’action chimique de la substance : c’est à travers les vêtements qu’elle est la plus dangereuse. Explications.

Les faux ongles sont ‘tendance’, et depuis la pandémie et les restrictions associées, leur application à domicile s’est démocratisée. Ainsi ces dispositifs cosmétiques peuvent être achetés dans le commerce et posés sans aide professionnelle. Mais pour que ces ongles tiennent, il faut quand même utiliser des colles spéciales dites cyanoacrylates. Or ces colles peuvent provoquer de graves brûlures.

Ainsi, « en novembre 2020, les centres antipoison ont signalé deux cas graves de brûlure chez de jeunes enfants », rapporte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Une petite fille de 20 mois brûlée sur son poignet gauche a au besoin d’une greffe et une autre enfant de 2 ans, qui jouait avec la colle, a été sévèrement brûlée au niveau de la main et de l’avant-bras quand le produit s’est renversé sur elle. Ces événements inquiétants ont poussé l’agence à publier un article dans son bulletin des vigilances de mars 2021.

A travers le tissu c’est pire

Il s’agissait pour l’Anses de décrire précisément pourquoi et comment ces colles présentaient un danger. Car celui-ci n’est pas tout à fait évidemment. Il est même contre-intuitif. « Alors que les contacts cutanés directs avec les colles cyanoacrylates pour faux ongles sont généralement sans gravité, (…) le contact de cette colle avec du tissu, surtout en coton ou en laine, provoque une réaction chimique à grand risque », décrit l’agence. En clair, lorsque la colle entre en contact avec la peau à travers un vêtement, « la réaction de polymérisation se trouve chimiquement catalysée, c’est-à-dire amplifiée par le tissu », précise l’Anses. Sans compter que « la fluidité importante des colles pour faux ongles peut élargir la zone de contact cutanée par diffusion dans le tissu et ainsi augmenter la surface cutanée de réaction et de brûlure. »

Et lorsque cela se produit, « un dégagement instantané de chaleur très forte » survient. Une équipe australienne a même réalisé « une étude expérimentale pour mesurer les températures générées suite à la projection de colle cyanoacrylate sur du coton : 90 secondes après l’application, la température mesurée était de 91°C » ! D’où les brûlures au second degré nécessitant une greffe après une exposition pourtant brève.

Méconnaissance des dangers

L’Anses souhaite alerter les utilisateurs car « de très nombreuses références de produits sont disponibles sur le marché et, pour certaines, les mentions de risque de brûlures directes ou indirectes à travers un vêtement sont peu claires voire inexistantes ». Elle demande en parallèle « un étiquetage plus clair et plus visible », incluant les bons gestes à avoir si un tel accident se produit : « appliquez immédiatement de l’eau froide savonneuse sur la zone de projection de la colle pour limiter la surface et la profondeur de la brûlure et consultez un médecin ».

  • Source : Anses

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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