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Originaire d’Asie, le frelon à pattes jaunes (Vespa velutina nigrithorax) a été repéré pour la première fois en France en 2004, après l’importation de poteries chinoises. En vingt ans, il a colonisé presque tout le territoire (une seule observation en Corse en septembre 2024) et plusieurs pays d’Europe. Invasif et adaptable, il se reconnaît à son abdomen brun cerclé de jaune et à l’extrémité jaune de ses pattes.
Le frelon à pattes jaunes est couramment appelé frelon asiatique. Il ne doit pas être confondu avec le frelon européen (Vespa crabro), plus gros, moins agressif et surtout moins nuisible pour les abeilles.
Tout savoir sur le frelon à pattes jaunes
Prédateur redouté de l’abeille domestique dont il se nourrit, il menace la filière apicole. Une loi entrée en vigueur le 15 mars 2025 instaure un plan national de lutte contre le frelon asiatique, encadre son piégeage et prévoit l’indemnisation des apiculteurs. Près des habitations, la destruction des nids par des professionnels contribue aussi à protéger la population.
Contrairement aux abeilles mais comme la guêpe, le frelon à pattes jaunes ne perd pas son dard et peut piquer plusieurs fois, injectant à chaque fois du venin. Mais plus long que celui des guêpes, celui-ci peut traverser des bottes en caoutchouc ou des gants en cuir.
Chez l’humain, ce venin provoque une réaction toxique avec douleur, rougeur, gonflement local, ainsi que des symptômes généraux (vomissements, diarrhée, maux de tête, chute de tension), d’autant plus forts que le nombre de piqûres est élevé. Il peut aussi déclencher une réaction allergique sévère, parfois mortelle sans prise en charge immédiate, avec urticaire, œdème de la gorge ou chute brutale de tension. Des lésions oculaires graves ont été observées chez des professionnels après contact avec un liquide libéré par le frelon autre que le venin.
Les principaux risques liés au frelon à pattes jaunes sont les piqûres multiples, celles sur les muqueuses (bouche) et l’allergie au venin. Du fait d’allergies croisées entre les différents venins d’hyménoptères, c’est le plus souvent après une piqûre de guêpe que les patients deviennent allergiques au venin des frelons.
À la demande de la direction générale de la santé, l’Anses, avec les Centres antipoison (CAP), a analysé les piqûres d’hyménoptères enregistrées entre 2014 et 2023. Santé publique France a de son côté étudié les passages aux urgences, les hospitalisations et la mortalité liés à ces piqûres.
Les années 2018 et 2020 ont connu un nombre plus élevé de recours, tandis que 2021 et 2023 ont enregistré des chiffres plus bas. Les pics saisonniers se situaient chaque année en juillet ou août. Au total, 6 022 appels aux CAP et 179 141 passages aux urgences pour piqûres d’hyménoptères ont été recensés, avec 2 % de ces cas aboutissant à une hospitalisation. Les envenimations graves sont majoritairement dues à des réactions allergiques.
1,5 % des envenimations étaient graves, menaçant le pronostic vital ou conduisant au décès. Les frelons, responsables de 25 % des piqûres, représentaient 38 % des cas graves. 256 décès liés à une piqûre d’hyménoptère ont ainsi été enregistrés. Une piqûre de frelon (toutes espèces) était mentionnée dans 27 % des certificats de décès, et même 43 % en 2023.
A propos de l’espèce responsable des envenimations, 37 % concernaient des guêpes, 25 % des frelons toutes espèces confondues, 19 % des abeilles. Le pourcentage de piqûres de frelons parmi tous les hyménoptères est resté stable chaque année, entre 20 % et 30 %, avec une légère hausse proche de 40 % en 2023. 28 % concernaient le frelon à pattes jaunes et cette proportion reste constante dans le temps.
Les piqûres d’abeilles survenaient d’avril à août, celles de guêpes de juin à septembre, et celles de frelons de juillet à octobre. Les piqûres de frelons étaient plus fréquentes dans l’ouest, le sud-ouest et le sud-est de l’Hexagone.
– En cas d’urticaire, œdème de la langue, gêne respiratoire, malaise, douleur thoracique, appelez immédiatement le 15, le 112, ou le 114 pour les malentendants. Cela vaut aussi pour une piqûre dans la bouche ou la gorge, des piqûres multiples, ou si les symptômes locaux s’aggravent
– En cas d’allergie connue au venin et de signes graves (choc anaphylactique), utilisez une seringue auto-injectable d’adrénaline si disponible (se rendre en pharmacie, par exemple), puis appeler le 15 ou le 112 (ou le 114) ;
– Pour d’autres symptômes d’intoxication, contactez un Centre antipoison (01 45 42 59 59, disponible 24h/24 et 7j/7) ou consultez un médecin.
– Garder une distance de sécurité d’au moins 5 mètres et ne jamais tenter de le détruire soi-même ;
– Éviter les pièges artisanaux (type bouteille avec sirop), inefficaces contre le nid de frelons et même nocifs pour les insectes utiles ;
– En cas de frelon à pattes jaunes, signaler le nid à la mairie ou à l’organisme chargé de la lutte dans le département, ou via le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) rubrique « Frelon asiatique ».
Le frelon à pattes jaunes devrait s’étendre à l’ensemble de l’Europe d’ici 2100. Mais déjà, un autre danger se profile : l’arrivée du frelon grand-duc (Vespa soror) récemment observé en Espagne.
Source : Vigil’Anses VIGILANCE DES TOXINES NATURELLES #26 • Juillet 2025 • Anses. (2025). Envenimations par des frelons à pattes jaunes et autres hyménoptères en France hexagonale. Étude de plusieurs sources de données sanitaires de 2014 à 2023. Rapport d’étude de toxicovigilance. Saisine n° 2024-AST-0153. Anses.
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet