Coma : comment le cœur prédit les patients qui en sortiront

20 octobre 2021

Comment savoir si un patient va sortir du coma et retrouver un état de conscience satisfaisant ? D’après une étude de l’Inserm, il suffirait d’écouter le rythme cardiaque lors de la lecture d’un texte. Explications.

Certains patients restent pour toujours dans le coma, d’autres en sortent. Comment savoir lesquels vont reprendre conscience ? Jacobo Sitt et son équipe de l’Institut du cerveau à Paris se sont penchés sur la fonction cardiaque comme potentiel indicateur de l’état de conscience. En effet, comme la fonction cardiaque est elle-même contrôlée par le cerveau, elle pourrait permettre de déterminer quel patient dispose d’une fonction cérébrale suffisante pour reprendre conscience.

Ecouter et comprendre en même temps

Les scientifiques ont procédé en trois temps. D’abord, « la fréquence cardiaque de plusieurs volontaires en bonne santé a été enregistrée pendant qu’ils écoutaient un passage de Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne ». Le constat ? Le rythme cardiaque de tous les participants était synchronisé : « la fréquence des battements de leur cœur montait ou baissait aux mêmes moments du récit ».

Dans un deuxième temps, « les volontaires écoutaient toujours un même texte, mais l’attention de certains était distraite : ils devaient compter à rebours pendant la lecture », décrivent les auteurs. « Dans ce cas, la synchronisation ne se faisait pas. Une observation qui suggère qu’un engagement dans l’histoire, une compréhension du texte et une conscience de celui-ci sont nécessaires pour que la synchronisation ait lieu. »

Bon état des connexions neuronales

Enfin, des patients qui souffrent de troubles de la conscience* (coma, état végétatif ou état de conscience minimale) ont été soumis aux mêmes tests. « Dans la grande majorité des cas, même sans distraction, leur fréquence cardiaque ne se synchronisait pas sur celle d’individus en bonne santé, attestant du fait que leur engagement et leur compréhension de l’histoire ne sont pas au même niveau que celles des personnes ‘pleinement conscientes’ ». A l’exception de deux malades dont « l’un d’eux a récupéré un état de conscience satisfaisant dans les semaines qui ont suivi », révèlent les scientifiques. Et « chez ces deux personnes, l’IRM révélait un meilleur état de préservation des connexions neuronales que chez les autres ».

Cette nouvelle approche dispose de « l’énorme avantage d’être facilement reproductible et réalisable partout, sans équipement technique », conclut Jacobo Sitt.

*pris en charge à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris

  • Source : Inserm, octobre 2021

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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