Comment la pollution de l’air provoque des cancers du poumon
12 septembre 2022
La pollution de l’air due aux particules fines était déjà associée à un risque accru de développer un cancer du poumon. Mais on ne connaissait pas le mécanisme d’action de ces polluants atmosphériques. Une étude britannique présentée ce samedi au congrès de la Société Européenne d'Oncologie Médicale (ESMO) apporte des éléments concrets pour expliquer ce phénomène.
Les particules fines, produites par les véhicules motorisés et la combustion de carburants fossiles, sont associées à un risque accru de développer le cancer du poumon non à petites cellules. Mais jusqu’à récemment, les scientifiques n’étaient pas parvenus à comprendre comment agissaient ces polluants. Grâce aux travaux d’une équipe de Londres, des éléments très tangibles permettent enfin d’expliquer le mécanisme cancérogène des particules fines.
Mutations ciblées
Les scientifiques de l’Institut Francis Crick et de l’University College de Londres ont d’abord montré que « les mutations des gènes EGFR et KRAS, que l’on retrouve fréquemment dans les cancers du poumon, sont en fait présentes dans le tissu pulmonaire sain et sont probablement une conséquence de l’âge », note le Pr Charles Swanton auteur de ce travail. Avec ses équipes, il a donc estimé intéressant de se pencher sur ces mutations, associées à une croissance tumorale incontrôlée, lorsqu’elles sont observées dans les cellules cancéreuses.
Leurs travaux ont ainsi révélé que si « ces mutations seules (sur cellules saines ndlr) n’avait qu’un faible potentiel cancérogène sur les modèles de laboratoire », elles augmentaient le risque de cancer lorsque les cellules étaient exposées à des polluants atmosphériques. De plus, les cancers ainsi apparus se développaient plus rapidement qu’en l’absence d’une telle exposition. « Cela nous conduit à penser que la pollution de l’air favorise la cancérogénèse dans les cellules porteuses de mutations à risque », indique Charles Swanton.
Une piste de traitement
Autre découverte : « la pollution de l’air augmente l’afflux des macrophages qui sécrètent la cytokine pro-inflammatoire interleukine-1β (une protéine ndrl) stimulant ainsi la prolifération des cellules porteuses de mutations de l’EGFR ». La bonne nouvelle est qu’un « blocage de l’interleukine-1β est capable d’inhiber le développement du cancer du poumon ». Une piste intéressante pour développer un traitement de ces cancers.
Cela étant, les chercheurs britanniques insistent sur l’importance de réduire la pollution atmosphérique afin de limiter les risques de maladies pulmonaires, dont le cancer.
*portant sur près d’un demi-million d’individus résidant en Angleterre, en Corée du Sud et à Taiwan