Comment le virus Zika persiste dans le sperme ?

14 septembre 2018

Si l’on savait que le virus Zika persiste dans le sperme plusieurs mois après l’infection, l’origine de cette persistance restait une énigme. Autre mystère, pourquoi les hommes touchés présentent une baisse du nombre de spermatozoïdes ? Des chercheurs français apportent une réponse en montrant comment l’infection altère le processus de fabrication des cellules sexuelles.

Le virus Zika peut persister dans le sperme pendant plusieurs mois, et être transmis plus de 40 jours après la disparition des symptômes. Une diminution du nombre de spermatozoïdes et une augmentation des spermatozoïdes anormaux ont également été rapportées dans le sperme d’hommes infectés. Ces deux éléments suggèrent que l’appareil reproducteur masculin est lui-même contaminé.

Des scientifiques français* ont exposé des fragments de testicules d’hommes non infectés au virus puis les ont maintenus en culture pendant 9 jours. Résultat, le virus Zika s’attaque à plusieurs catégories de cellules testiculaires, dont les cellules germinales, à l’origine des spermatozoïdes.

Vers un futur traitement antiviral ?

Les auteurs suggèrent même que le testicule pourrait constituer un réservoir pour Zika, expliquant ainsi que l’on retrouve du virus dans le sperme longtemps après qu’il a disparu du reste de l’organisme. « En effet cet organe se défend faiblement contre l’infection car il ne produit pas les protéines essentielles à la réponse antivirale et qu’il ne produit qu’en très petite quantité les molécules chargées de signaler la présence de pathogènes au système immunitaire », avancent-ils.

De plus, « contrairement à celles d’autres organes, les cellules testiculaires infectées ne meurent pas et perdurent dans le testicule. L’ensemble de ces éléments pourraient y permettre la production de virus pendant de longues périodes, sans qu’il ne soit éliminé par le système immunitaire. »

Pour les chercheurs, ce travail fournit « un outil précieux pour tester l’efficacité d’agents antiviraux sur l’infection du testicule ex vivo. »

*Unité Inserm 1085 « Institut de recherche, santé, environnement et travail », Irset

  • Source : Inserm, 11 septembre 2018

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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