Zika retrouvé à l’intérieur des spermatozoïdes

29 septembre 2016

Retrouvé au cœur même des gamètes mâles, le virus zika a une survie de 6 mois après l’infection. Deux découvertes révélées par des chercheurs français 5 mois après la confirmation du risque de transmission virale par voie sexuelle.

« En plus de confirmer sa longue persistance dans le sperme (130 jours, soit plus de 4 mois) », les scientifiques* ont pu localiser le virus zika « à l’intérieur même des spermatozoïdes ».  Une révélation faite ce jeudi 29 septembre dans la revue The Lancet. Dans leurs propos, les chercheurs reprennent « le cas d’un homme de 32 ans de retour de Guyane française ». Ce dernier présentait « des symptômes évocateurs d’une infection par le virus zika ». Soit une fièvre modérée, une éruption cutanée mais aussi des douleurs musculaires et articulaires.

Une survie de 6 mois

Des échantillons de sang (10), d’urine (5) et de sperme (11) ont été prélevés sur 141 jours. « La charge virale dans le plasma et dans l’urine a été détectée 2 jours après l’apparition de ces signes. Le virus a été retrouvé dans tous les échantillons jusqu’au 37e jour  ». Et le liquide biologique dans lequel le virus zika survit le plus longtemps, plus de 130 jours au total, est le sperme. Passé ce délai des 37 jours, c’est en effet le seul échantillon dans lequel zika était présent.

A titre de comparaison, les chercheurs se sont ensuite penchés sur les dossiers de deux autres hommes infectés. Chez ces derniers, « zika a persisté 69 à 115 jours en moyenne dans le sperme ». La variabilité des durées entre chaque patient ne trouve pas encore d’explication. Mais par sûreté, le port de préservatif pendant les rapports sexuels a été recommandé à chacun de ces patients dès le diagnostic posé.

Logé à l’intérieur du gamète mâle

Pour aller plus loin, les chercheurs ont étudié au microscope les spermatozoïdes contenus dans l’échantillon du patient revenu de Guyane. « Nous avons détecté la présence du virus zika à l’intérieur d’environ 3,5% des spermatozoïdes de [ce dernier] », explique Guillaume Martin-Blondel, chercheur à l’INSERM (Centre de physiopathologie Toulouse Purpan) et médecin dans le service des Maladies Infectieuses et Tropicales du CHU de Toulouse.

Une localisation bien différente des autres virus sexuellement transmissibles. A l’image du VIH, cette dernière est caractérisée par un virus qui « reste habituellement ‘collé’ contre la surface des gamètes mâles. Dans le cas d’une séropositivité, il est donc possible de « laver » les spermatozoïdes infectés avant insémination lors d’une fécondation in vitro. Ce qui s’avère impossible dans le cas de zika. Mais selon les scientifiques, une question subsiste quant au pouvoir contaminant : le virus à l’intérieur des gamètes présente-t-il le même risque infectieux comparé aux gamètes retrouvés dans le liquide du sperme ?

*INSERM, CNRS, hospitalo-universitaires de Toulouse III, Paul Sabatier et du CHU de Toulouse

  • Source : INSERM, le 29 septembre 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault- - Edité par : Vincent Roche

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