Commotion cérébrale, Alzheimer, Parkinson… bientôt un traitement universel ?
02 septembre 2021
Une équipe lilloise travaille actuellement sur un traitement universel contre plusieurs maladies du système nerveux central. Leur expérimentation porte sur un cocktail de protéines favorables à la protection et à la régénération cellulaire dans la prise en charge des traumatismes crâniens. Mais à terme, leur technique pourrait se montrer efficace contre les maladies de Charcot, Parkinson ou Alzheimer.
Lorsque survient un traumatisme crânien, les séquelles neurologiques se traduisent par des troubles moteurs ou cognitifs, transitoires ou définitifs. « Ces séquelles sont dues à la lésion elle-même, mais aussi à des saignements internes, à l’inflammation ou encore à un stress oxydant qui favorise la mort neuronale » expliquent des chercheurs français*. Lesquels estiment que les lysats plaquettaires pourraient apporter un bénéfice aux victimes de ces accidents. Derrière cette appellation de « lysats plaquettaires » se cache un cocktail de molécules issues de plaquettes sanguines prélevées dans le cadre des dons de sang mais non utilisées pour la transfusion.
« Les plaquettes favorisent la cicatrisation des plaies et la réparation des tissus », lancent David Blum et Thierry Burnouf, coresponsables d’une étude parue dans la revue Brain. « Elles contiennent en effet une centaine de facteurs de croissance, de protéines, de substances nutritives et de molécules anti-inflammatoires réparatrices ».
Une meilleure communication entre les neurones
Dans deux modèles de souris souffrant de traumatisme crânien, les chercheurs ont ainsi appliqué le lysat plaquettaire directement au contact de la plaie. Puis ils ont poursuivi son administration par voie intranasale, à raison d’une dose quotidienne pendant six jours.
Résultat, au niveau du site lésé, les scientifiques ont constaté un niveau d’inflammation et de stress oxydant moindre chez les animaux traités, ainsi qu’une meilleure expression de protéines impliquées dans le fonctionnement synaptique, c’est-à-dire dans la communication entre neurones.
« Cette biothérapie ne cible pas un mécanisme spécifique, mais un ensemble complémentaire de voies de signalisation qui participent à la neuroprotection », s’enthousiasment les auteurs. « Si nos résultats se confirment, nous disposerons d’une réserve abondante de molécules bioactives simplement en extrayant le contenu de plaquettes inutilisées. Un remède à la portée de tous, dans les pays riches comme dans ceux à ressources limitées ».
Les chercheurs préparent désormais des études pour cibler d’autres maladies du système nerveux central. Un essai clinique devrait démarrer d’ici trois ans chez des patients atteints de maladie de Charcot. D’autres projets concernent les maladies de Parkinson et d’Alzheimer.
*Unité 1172 Inserm/Université de Lille/CHU de Lille, Lille Neuroscience et cognition