Commotions cérébrales dans le sport : un danger sous-estimé ?

17 mars 2025

Si les traumatismes crâniens graves dans le sport sont redoutés, les commotions cérébrales, souvent silencieuses, représentent un danger insidieux, notamment par leur effet cumulatif. L'Académie nationale de médecine alerte sur les risques à long terme de ces chocs répétés, même mineurs, et appelle à renforcer la prévention, de l'amélioration des équipements à la formation des encadrants.

Les traumatismes crâniens sévères peuvent être fatals. En la matière, selon Santé Publique France, les sports les plus dangereux sont les sports de montagne (37 % des décès), suivis des activités aquatiques (23 %) et des sports mécaniques (21 %).

Mais les commotions cérébrales – une perturbation du fonctionnement du cerveau, consécutive à un choc crânien – sont tout aussi préoccupantes. Elles représentent entre 5 et 9 % de tous les traumatismes liés au sport. Une statistique qui varie considérablement selon les disciplines. Les sports de contact comme le rugby, le football américain ou la boxe présentent logiquement des risques plus élevés.

Mais ces chiffres sont aussi probablement sous-estimés. Avec les politiques actuelles de promotion du sport amateur, de nombreux cas passent inaperçus. Car à côté des chocs violents, il en existe des plus insidieux sur lesquels alerte l’Académie nationale de médecine. Ces chocs à la tête, qui ne provoquent aucun symptôme immédiat peuvent facilement passer complètement inaperçus. « Or, leur répétition pourrait provoquer des dysfonctionnements neuronaux transitoires et silencieux, mais potentiellement dévastateurs à long terme », commente l’Académie.

Car c’est bien cet effet cumulatif qui inquiète la docte assemblée. Même des impacts crâniens jugés mineurs, lorsqu’ils se répètent à l’entraînement ou en compétition, peuvent augmenter significativement le risque de développer ces pathologies graves. Des études épidémiologiques établissent des liens préoccupants entre les commotions cérébrales répétées et certaines maladies neurodégénératives comme la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou la maladie d’Alzheimer.

La prévention comme priorité absolue

Face à ces constats, les académiciens rappellent que la prévention devient cruciale. Plusieurs approches complémentaires sont nécessaires. A commencer par l’amélioration des casques et autres protections adaptés qui, s’ils sont efficaces et obligatoires dans des disciplines comme le hockey sur glace, sont beaucoup plus discutés en boxe ou au rugby.

L’adaptation des règlements pour limiter les situations à risque semble aussi nécessaire. « En boxe, l’arrêt du combat doit être envisagé au bon moment par l’arbitre ou l’entraineur (’ jet de l’éponge’), d’où l’importance de leur formation par des médecins experts », commentent-ils. « De nombreuses discussions se déroulent aussi autour du ‘jeu de tête’ qui expose aux impacts sous-commotionnels répétés. »

Former aussi les encadrants non-médicaux

Dans le sport amateur ou de loisir, les entraîneurs et autres encadrants sont souvent les premiers témoins d’un accident. Leur formation à la reconnaissance des signes d’alerte d’une commotion cérébrale est donc fondamentale.

Des signes comme une perte d’équilibre momentanée, une confusion passagère, des maux de tête inhabituels ou des troubles visuels doivent alerter et conduire à une évaluation médicale.

  • Source : https://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2025/03/Rapport-Commotions-Sports-APRES-VOTE.pdf

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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