Compléments alimentaires : jamais sans mon médecin
12 octobre 2011
Consommer des compléments alimentaires, y compris les « cocktails multivitaminés », l’acide folique, le fer et le cuivre que l’on trouve en libre accès dans les rayons, c’est une pratique qui pourrait être associée à un risque accru de décès chez les femmes après la soixantaine. C’est en tout cas ce que suggère un article publié dans le dernier numéro des Archives of Internal Medicine, aux Etats-Unis.
Selon les auteurs, la consommation de compléments alimentaires a considérablement augmenté dans ce pays au cours de la dernière décennie. A tel point que chez certaines personnes, en particulier des personnes âgées, ces compléments constitueraient la principale source de nutriments au quotidien… devant les fruits ou les légumes. Or cette pratique ne serait pas dénuée de risques.
Le Pr Jaako Mursu et ses collègues, de l’Université du Minnesota à Minneapolis, ont utilisé les données recueillies auprès de 38 772 femmes âgées en moyenne de 61,6 ans. Grâce à des questionnaires adressés en 1986, 1997 et 2004, ils ont pu évaluer leur consommation de compléments contenant des vitamines et des minéraux.
Entre 1986 et 2004, près de 15 600 femmes de cette cohorte sont décédées. Ce qui représente une proportion supérieure à 40%. Parallèlement, la consommation de compléments alimentaires a explosé. En 1986, plus de 62% des femmes interrogées déclaraient en consommer. Elles étaient plus de 75% dans ce cas en 1997… et 85% en 2004. Après avoir écarté d’autres facteurs de risque, il est apparu aux auteurs que certains de ces suppléments étaient associés à un risque accru de mortalité.
Ce serait ainsi le cas des cocktails multivitaminés, de la vitamine B6, de l’acide folique, du fer, du magnésium, du zinc et du cuivre. Ce qui au final ne devrait sans doute pas surprendre. Une étude précédente, menée au Canada, avait montré qu’un excès d’ acide folique pouvait augmenter le risque de développer certains cancers, colorectaux notamment. Inversement et sans proposer d’explication au phénomène, ses auteurs avaient également constaté qu’une complémentation en calcium semblait réduire le risque de mortalité.
« Quoi qu’il en soit, nous ne voyons que peu de justifications à l’utilisation généralisée de compléments alimentaires», concluent les auteurs de ce nouveau travail. «Nous recommandons ainsi qu’ils soient utilisés pour des raisons purement médicales, comme dans le cas de carences symptomatiques en micro-nutriments ». L’important donc, est de toujours envisager ce type de supplémentation dans le cadre d’un accompagnement médical, avec un médecin formé à la micro-nutrition.