Consultation à 25 euros : quel impact pour le patient ?

02 mai 2017

Le prix de la consultation chez le généraliste n’avait connu aucune augmentation depuis 2011. Mais ce 1er mai 2017 a comme un goût de changement : le tarif d’une visite chez le médecin traitant est en effet passé de 23 à 25 euros pour les adultes. Et à 30 euros pour les moins de 6 ans. Mais combien vont payer les patients de leur poche ? Et que pense le corps médical de cette décision ?

C’est chose faite : à compter de ce 1er mai, la consultation chez le médecin généraliste coûte 25 euros au lieu de 23. Et 30 euros pour les enfants de moins de 6 ans. Inscrite dans la convention médicale du 25 août 2016* et votée pour 5 ans, cette mesure ne change pas grand-chose pour le porte-monnaie des patients. En effet, sur les 2 euros supplémentaires, le reste à payer est de 60 centimes pour les 3 millions de Français ne possédant pas de mutuelle. Et cette augmentation passera inaperçue pour les patients bénéficiant de cette couverture financière. En effet, « la prise en charge reste la même », souligne le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR). « Les complémentaires santé continueront de rembourser environ 30% du montant de la consultation, et le caisse primaire un peu moins de 70%. » Et comme c’est déjà le cas, « seul le ticket modérateur de 1 euro restera à la charge du patient ».

Une augmentation… insuffisante

Mais pour la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), ces 2 euros supplémentaires ne vont pas suffire à résoudre la crise de la médecine libérale. Ce nouveau prix annoncé « n’est pas une augmentation tarifaire mais un léger rattrapage après six ans et demi de blocage ». Et selon la CSMF, en plus d’être trop timide, « cette augmentation tarifaire est une annonce plus médiatique que structurelle. Elle n’aide en aucun point le secteur libéral à se libérer de ses tensions », note le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.

En effet, « ces deux euros supplémentaires concernent environ 40% des médecins libéraux du pays (généralistes de secteur 1, ndlr). » Pour la confédération qui réclame des évolutions politiques au prochain ministère, le chantier de la médecine libérale est loin d’être résolu. « Si le prochain ministre de la santé ne prend pas conscience de l’urgence à soutenir [ce secteur], les difficultés pour avoir un médecin traitant vont s’accroître au détriment de la santé de la population ».

Inefficace contre les déserts médicaux ?

Une position partagée par la Fédération des médecins de France, signataire de la convention. Selon le Dr Jean-Paul Hamon, son président, ce texte, même s’il a le mérite d’exister, est loin d’être satisfaisant. « Certes le coût de la consultation augmente, mais on est encore bien en-deçà du coût moyen européen estimé à 40 euros par consultation. Cette évolution, loin de constituer une solution contre les déserts médicaux, est largement insuffisante pour donner envie aux jeunes médecins de s’installer en libéral », note-t-il. « Pour mieux faire, il faudrait assurer une couverture sociale aux libéraux équivalente à celle des médecins salariés. »

Autre levier à actionner, doubler le prix de ces consultations en médecine libérale concernant les soins non programmés, pour à la fois inciter les médecins à cette prise en charge et désengorger les urgences. L’enjeu, faciliter le transfert des patients consultant aux urgences sans réel motif vers la médecine de ville. « Aujourd’hui, le coût des accueils non justifiés aux urgences (18 millions de passages annuels) s’élèvent à 7 milliards d’euros chaque année en France », détaille le Dr Jean-Paul Hamon. « Avec une prise en charge plus ciblée, la qualité des soins va se trouver améliorée chez le généraliste comme à l’hôpital. »

Selon le Dr Hamon, « Marisol Touraine a opté pour des démarches de forme et de communication plutôt que de toucher au fond du problème affectant le secteur libéral ». Résultat, « aujourd’hui les jeunes médecins qui font le choix de ce mode de rémunération s’installent dans des régions déjà pourvues et les zones les moins attractives restent vides de médecins libéraux. » Or ce secteur occupe une place primordiale dans les soins de proximité.

*Signée par l’assurance maladie et trois syndicats de médecins (Fédération française de médecins de France, MG-France et le Bloc.

 

  • Source : Interview du Dr Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président de la Fédération des médecins de France, le 2 mai 2017. Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR), la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), le 27 avril 2017.

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche

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