Contraceptif et THS : toutes les hormones ne font pas ” grossir “

06 avril 2005

Lutter contre les kilos superflus, c’est un combat de tous les jours. Et dans ce domaine la contraception orale et le traitement hormonal substitutif (THS) de la ménopause ne font pas figure d’alliés de la femme… Mais il y a poids et poids.

Et dans ce domaine, toutes les hormones ne se valent pas. ” La prise de poids est le résultat de deux mécanismes bien distincts ” nous a expliqué le Pr Jean-Michel Foidart, de l’Université de Liège en Belgique. ” Il faut faire la part de ce qui est dû au métabolisme, à l’apport calorique individuel qui conduit à la constitution de graisses. Mais la prise de poids peut être due aussi, à une rétention d’eau et de sels plus importante.

Contre le gras, les hormones plaident non coupables. Il faut plutôt accuser les frites, la charcuterie ou les tablettes de chocolat. En revanche, il est vrai que les estrogènes se retrouvent au banc des accusés pour ce qui concerne la rétention d’eau et de sels par l’organisme. Tout cela par un mécanisme complexe. Les estrogènes induisent ” une cascade de réactions hormonales au terme de laquelle la production d’aldostérone est stimulée. Et c’est elle qui est responsable de cette rétention “. Car l’aldostérone a comme fonction de favoriser la réabsorption par le rein du sodium et de l’eau.

Manque de chance, les progestatifs classiques, utilisés en général par les femmes, favorisent eux aussi l’accumulation d’eau. Ce qui n’est pas le cas de la progestérone naturelle qui, elle, s’y oppose. Les chercheurs ont tenté de mettre au point un progestatif proche de cette progestérone naturelle. C’est le cas de la drospirénone qui est, selon Jean-Michel Foidart ” tout à fait originale. En bloquant les récepteurs de l’aldostérone, (elle) a une action modérément diurétique et permet de limiter la rétention d’eau, comme la progestérone naturelle le fait chez la femme fertile.

Qu’on ne se méprenne pas : la rétention d’eau sous pilule ou sous THS aboutit en général à une augmentation modeste du poids corporel. Celle-ci est ” de l’ordre de 1% à 2%, jusqu’ à 1,5 kg “. Même si l’aiguille de la balance ne donne aucun signe d’affolement, c’est souvent mal vécu par les femmes. Elles ressentent un gonflement des extrémités – des doigts boudinés, par exemple -, une tension désagréable au niveau des seins voire un ballonnement abdominal.

Lutter contre la rétention d’eau, c’est important pour une bonne contraception. Car lorsque les femmes ne sont pas satisfaites de leur pilule, elles l’abandonnent. C’est pourquoi ” mieux vaut prendre une pilule bien tolérée, même si elle est un peu plus chère, que de prendre une pilule mal tolérée meilleur marché qui sera abandonnée… avec le risque d’une grossesse non désirée.

Quant au traitement de la ménopause, ceux qui ont été décriés relève le Pr. Foidart, étaient ” les plus mauvais progestatifs qui soient…quasiment pas prescrits en Europe “. Donc, là aussi, mieux vaut utiliser un progestatif plus proche de la progestérone naturelle. Surtout si vous êtes sujette à la rétention d’eau. Et en tout état de cause, tenez-vous en aux recommandations de l’AFSSaPS, que votre médecin connaît bien.

  • Source : March of Dimes, 28 mars 2005

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