Contraception d’urgence : informer, toujours…

17 octobre 2011

En France, une grossesse sur cinq se termine par une interruption volontaire de grossesse (IVG). Or dans le même temps, la pilule d’urgence peine à s’imposer. Selon le Dr Michèle Lachowsky, gynécologue à Paris, bien des barrières souvent morales, expliquent ce phénomène.

« Nous devons continuer à informer, aussi bien les femmes que les médecins », explique-t-elle. Cette gynécologue connaît bien son sujet. Elle a menée cette année, une enquête auprès de 11 gynécologues, 9 médecins généralistes et 30 femmes sous contraceptifs, âgées de 20 à 39 ans. « Nous avons observé plusieurs freins qui expliquent pourquoi la pilule d’urgence est encore peu utilisée en France. Les médecins n’osent pas aborder le sujet. Ils ont le sentiment que leurs patientes se sentiraient méprisées. »

De leur côté curieusement, les femmes expriment de la honte, de la culpabilité. « Elles se sentent coupables d’avoir avoir eu une relation à un moment où elles n’auraient pas dû. Elles culpabilisent, et se disent qu’elles sont incapables de penser à ce qu’elles font ». En effet elles se savent sous contraceptif, se disent qu’elles sont suffisamment maîtresses de leurs sens, de leur morale pour éviter de se retrouver dans des situations dérangeantes. La morale en effet, pèse lourd en la matière. Ce qui explique sûrement une partie du déficit d’information.

« Beaucoup de femmes nous disent ‘j’en ai entendu parler, mais je ne pensais pas que cela me concernait’. Si nous, gynécologues, nous prenions l’habitude de prescrire la contraception d’urgence en même temps que la contraception classique, on dédouanerait les femmes et les médecins de tous ces sentiments ». En réalité, il y a encore beaucoup de barrières. « La pilule d’urgence reste très mystérieuse pour les femmes. Elles ont le sentiment qu’en la prenant, elles avortent. Ce qui n’est absolument pas le cas. »

Il existe deux pilules d’urgence. « Aujourd’hui nous avons le Norlevo® et ellaOne®. Disponible en Europe depuis octobre 2010, cette dernière est sensiblement plus efficace, et ce pendant 5 jours après le rapport à risque, au lieu de 3 jours pour le Norlevo® ». Rappelons tout de même que plus la pilule est prise précocement après un rapport considéré à risque, plus elle a de chances d’être efficace.

Pour aller plus loin : consultez le site de l’Association française pour la Contraception : www.contraceptions.org/.

  • Source : Rapport de l’IGAS La prévention des grossesses non désirées : contraception et contraception d’urgence, octobre 2009 - Interview du Dr Michèle Lachowsky, 26 septembre 2011 – Association française pour la Contraception, site consulté le 26 septembre 2011

Aller à la barre d’outils