Contraception : l’énième retour du risque de phlébite
28 octobre 2011
Selon la Food and Drug Administration américaine, les femmes prenant des pilules contraceptives contenant de la drospirénone auraient un risque de thromboembolie veineuse multiplié par 1,5 par rapport à celles prenant des pilules plus anciennes. Voilà un vrai serpent de mer qui à en croire le Dr Christian Jamin, gynécologue à Paris « fait débat depuis 16 ans. » Explications.
La Food and Drug Administration américaine (FDA) a analysé des études qui ont porté sur plus de 800 000 femmes ayant utilisé différents moyens de contraception entre 2001 et 2007. Outre les pilules contenant de la drospirénone, qui figurent parmi la dernière génération de contraceptifs oraux, la FDA a également épinglé le timbre contraceptif transdermique Ortho Evra(R) et l’anneau vaginal contraceptif NuvaRing(R). Ces trois méthodes de contraception « sont liées à un plus grand risque de phlébite comparativement à des contraceptifs standards à faible dose », précise la FDA.
Elle souligne toutefois qu’aucune conclusion définitive ne peut être tirée. Un comité d’experts doit en effet se réunir le 8 décembre pour statuer sur ces médicaments.
De son côté l’Agence européenne du Médicament (EMA) a déjà expliqué dans le passé que « l’utilisation de tout contraceptif oestroprogestatif est associée à un risque d’accident thromboembolique veineux, un effet indésirable rare mais grave. Ce risque est plus élevé au cours de la première année de contraception, quel que soit le contraceptif oestroprogestatif utilisé. » C’est d’ailleurs ce que nous a confirmé le Dr Christian Jamin. « Le risque avec une pilule quelle qu’elle soit est beaucoup plus élevé dans la première année où vous débutez votre contraception. Et comme les pilules récentes sont davantage prescrites aux femmes qui commencent leur contraception, il est logique de constater une augmentation du risque avec ces contraceptifs ».
Un risque de phlébite relatif ?
En outre les deux agences du médicament se veulent rassurantes. L’EMA précisait au mois de juin dernier suite à la publication dans le British Medical Journal de deux études allant dans le même sens « qu’il n’y a aucune raison que les femmes arrêtent de prendre les contraceptifs oraux combinés contenant de la drospirénone ou tout autre contraceptif oral combiné ».
L’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS) rappelle pour sa part que « la contraception oestroprogestative est contre-indiquée en cas d’antécédent ou de maladie thromboembolique veineux (phlébite, embolie pulmonaire) ou en cas d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral, passés ou récents ». Il existe enfin un certain nombre de facteurs de risque à prendre en compte, c’est notamment le cas de l’obésité, d’une intervention chirurgicale récente ou des antécédents familiaux de thrombose veineuse. Sans oublier bien entendu le tabagisme qui favorise la survenue d’accidents thromboemboliques artériels. Enfin comme le rappelle le Dr Gabriel Jamin, « le risque de phlébite est tout de même relativement faible avec une pilule contraceptive. Le risque est bien plus important pendant la grossesse que sous contraceptif oral. Et cela beaucoup de femmes l’ignorent ».
Aller plus loin
Lire le rapport de la FDA
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Source : FDA, 27 octobre 2011 - Interview du Dr Christian Jamin, 28 octobre 2011, AFSSaPS, EMA, sites consultés le 28 octobre 2011