Contraception orale : pas de règle pour les règles
08 novembre 2005
“L’idée que la pilule contraceptive doive mimer le cycle menstruel de la femme n’a rien d’une exigence médicale” affirme le Dr David Serfaty, de l’Université Paris VI et VII. Serait-ce la fin des règles ?
“Au tout début de la contraception orale” explique t-il, “il a fallu vaincre bien des résistances. Ses promoteurs n’allaient pas rajouter un obstacle socioculturel comme la suppression complète des règles“. A l’époque, on pensait que le fait de prendre une pilule pendant 21 jours puis de l’arrêter pendant 7 jours, c’était bon pour la santé car cela imitait le cycle naturel.
Aujourd’hui, la tendance serait plutôt inverse, visant à supprimer les règles grâce à ce que les médecins appellent une pilule avec extension. Il s’agit en fait d’un contraceptif pris en continu pendant 42, 63, 84 jours d’affilée voire plus – en fait des multiples de 21 jours, durée moyenne d’administration d’une pilule classique – avec un arrêt de 7 jours au bout de la période choisie. Aux Etats-Unis, “la mode est à la pilule Seasonale qui permet de n’avoir de règles qu’une fois par saison, 4 fois par an au lieu de 13 actuellement“.
Même s’il faut être prudent, cette nouvelle mode suscite un grand intérêt. Parce que la majorité des femmes préférerait ne pas être réglée tous les 28 jours. Mais surtout qui dit suppression des règles dit également suppression de leurs inconvénients !
“Plus d’une femme sur cinq est sujette à des règles abondantes, avec la fatigue et le retentissement social que cela entraîne“. La pilule avec extension serait aussi intéressante pour “celles qui ont des règles douloureuses, souffrent d’endométriose ou se plaignent de migraines lors des 7 jours d’arrêt“. Bref les victimes du syndrome pré-menstruel. Sans oublier – c’est le cas de le dire – les femmes qui oublient de prendre leur pilule.
En France, il est déjà possible de prendre à la suite deux plaquettes d’une pilule comme Jasmine. Toutes les minipilules monophasiques sont-elles susceptibles de bénéficier de ce nouveau concept ? Oui, mais l’intérêt de cette dernière, précise David Serfaty, vient du progestatif qu’elle contient. Il présente “deux propriétés particulières. D’une part une activité anti-androgène et d’autre part une activité anti-minéralocorticoïde“. Traduisez, cette pilule atténue les problèmes de peau -acné, séborrhée- et de gonflement, qu’il se manifeste par une prise de poids ou par une tension désagréable au niveau des seins.
A priori, le seul inconvénient des pilules avec extension serait “l’augmentation globale de la prise d’hormones dans l’année” s’il n’y a plus de pause. Un inconvénient contourné par un recours systématique aux pilules minidosées. Un demi-siècle après la découverte de la pilule classique, bienvenue donc à la pilule avec extension !