Contre le paludisme, une combinaison gagnante ?

05 février 2015

Associer et diversifier des molécules déjà existantes pour combattre le paludisme. Voilà la stratégie mise en œuvre par les médecins pour faire reculer les résistances développées par le parasite.

A l’échelle mondiale, le nombre de cas de paludisme recule depuis plusieurs années. Mais la résistance aux médicaments des parasites du paludisme freine ce recul. « Pour retarder au maximum [leur] émergence et [leur] extension, il est nécessaire de diversifier les médicaments et de rationaliser leur utilisation », souligne l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

Actuellement, le traitement préconisé par l’OMS est fondé sur l’administration d’une association médicamenteuse à base d’artémisinine et d’une autre molécule. Testant régulièrement de nouvelles combinaisons, des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires camerounais de l’Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique centrale (OCEAC) viennent de montrer l’efficacité de l’association de l’artésunate (un dérivé de l’artémisinine) et de la Malarone® (ou Malanil®).

Une bonne nouvelle car cette dernière était jusqu’à présent administrée uniquement en prophylaxie chez les voyageurs ou en traitement dans les pays industrialisés, du fait de son prix élevé. La tombée dans le domaine public de son brevet en 2013 permet d’envisager son utilisation thérapeutique pour les populations en zone d’endémie.

« Une certaine efficacité garantie »

« Administrée seule, la Malarone® a engendré quelques échecs thérapeutiques (10,3 %) parmi les 340 jeunes patients camerounais de l’étude, des enfants âgés de moins de cinq ans », indiquent les auteurs. « Ces échecs ont été majoritairement dus à des réinfections au cours du traitement. » En combinaison avec l’artésunate, ce médicament s’est toutefois avéré plus efficace que la bithérapie classique et le nombre de cas de rechute sous 28 jours moins élevé.

Certes, des souches de Plasmodium falciparum résistantes à la Malarone® existent, mais « associer cette dernière de manière systématique à un dérivé de l’artémisinine garantit au patient une certaine efficacité du traitement », poursuivent-ils. « Il est en effet peu probable, à l’heure actuelle, de rencontrer une souche résistante à ces deux médicaments à la fois. »

  • Source : IRD, janvier 2015, numéro 473

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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