Un nouvel espoir contre le risque d’AVC
02 septembre 2009
Plus de 18 000 patients, dans 44 pays ! RE-LY, la plus grande étude jamais conduite chez des patients souffrant de fibrillation auriculaire -le trouble cardiaque le plus fréquent- a tenu ses promesses. Présentés au Congrès de la Société européenne de Cardiologie à Barcelone (Espagne), ses résultats montrent le rôle protecteur d’un anticoagulant oral de nouvelle génération -le dabigatran- contre le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). De quoi changer la vie de millions de patients. Explications.
Le dabigatran est le premier représentant d’une toute nouvelle famille d’anticoagulants, les inhibiteurs directs de la thrombine. Celle-ci joue un rôle central dans la formation des caillots sanguins, les thrombus. Le travail international présenté à barcelone l’a comparé à un traitement de référence par antivitamine K (AVK), la warfarine.
Les AVK sont probablement, l’une des classes de médicaments que les patients comme les médecins apprécient le moins. Et pour cause ! Leur efficacité varie selon les personnes. Pire, chez un même malade elle peut dépendre de multiples facteurs : coexistence de pathologies, prise d’autres médicaments, alimentation. Ainsi le brocoli, les épinards, la laitue voire le café diminuent-ils l’efficacité des AVK.
Résultat, pour s’assurer que la dose administrée n’est ni trop forte, ni trop faible, chaque patient doit réaliser très régulièrement des bilans biologiques -des INR. Au moins une fois par mois. Le cas échéant, il doit ensuite réajuster le tir avec son médecin. Or malgré ces précautions, les AVK seraient responsables à elles seules de 12,3% des hospitalisations pour accident thérapeutique, en France.
Moins de saignements
« C’est vrai, cela fait de nombreuses années que nous donnons des AVK », explique le Pr Jean-Yves Le Heuzey, chef du service Cardiologie de l’Hôpital européen Georges Pompidou (Paris) et investigateur principal de cette étude en France. « Elles sont certes efficaces mais leur maniement est très compliqué. Le but était de trouver un traitement aussi efficace et plus maniable ». C’est semble-t-il chose faite.
Les résultats de RE-LY (18 113 patients âgés en moyenne de 72 ans et suivis pendant deux ans) font état « d’une réduction significative du nombre d’AVC avec un taux de saignement inférieur, y compris les saignements engageant le pronostic vital et les hémorragies intracrâniennes », poursuit le Pr Stuart Connolly (Hamilton-Canada), l’un des co-auteurs. « Ils vont au-delà de nos espérances. Nous avons maintenant un traitement par voie orale qui offre une protection supérieure contre les AVC avec moins de saignements et sans avoir besoin de contrôles réguliers ».
Et le Pr Le Heuzey d’enchaîner : « cela va changer la vie de nos patients souffrant de fibrillation auriculaire. Ils n’auront plus d’INR à faire ». Encore un peu de patience toutefois. Il devrait se dérouler quelques mois avant que ce traitement, (utilisé depuis peu en France pour prévenir la formation de caillots sanguins chez les patients ayant eu une chirurgie pour prothèse de hanche ou de genou) bénéficie de l’indication requise. L’enjeu est de taille : chaque année dans le monde, 3 millions de personnes sont victimes d’un AVC lié à la fibrillation auriculaire. La moitié meurt dans l’année…