Contre le VIH, traiter dans la durée et la sécurité

03 août 2009

Grâce aux médicaments récents, il est possible d’obtenir de bons résultats chez 90% des malades infectés par le VIH. La qualité de vie et les conséquences à long terme de ces traitements prennent ainsi le pas sur d’autres considérations.

A la 5ème Conférence de l’International AIDS Society (IAS) qui se tenait au Cap (Afrique du Sud), un travail multinational associant 83 équipes a montré la supériorité d’une triple association d’inhibiteurs de la transcriptase inverse (INTI) sur un schéma plus traditionnel combinant des antiprotéases et des INTI. A résultats cliniques comparables, elle a permis de réduire l’impact lipidique du traitement, et les risques d’effets secondaires cardio-vasculaires.

Coordonnée par le Pr Vicente Soriano (Service d’Infectiologie, Hôpital Carlos III de Madrid), l’étude ARTEN a comparé deux options d’association au couple Tenofovir/Emtricitabine (Truvada®). Les 569 patients ont ainsi reçu soit une combinaison d’Atazanavir et de Ritonavir – deux anti-protéases – soit de la Nevirapine (Viramune®). Disponible depuis 13 ans, c’est le plus ancien des inhibiteurs non-nucléosidiques de la transcriptase inverse. Utilisé dans le monde entier et déjà disponible en génériques, il fait l’objet de nombreux programmes de distribution humanitaire et/ou compassionnelle. La Nevirapine fait ainsi référence dans la prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH.

Ce travail a démontré « que chez 67% des patients au lieu de 65% (dans l’autre groupe), l’association Truvada®/Viramune® rend la charge virale indétectable précocement. » Par ailleurs a précisé Vincente Soriano, son impact sur les lipides sanguins est très favorable : « diminution du LDL-cholestérol – le « mauvais cholestérol, n.d.l.r. – et augmentation du taux de HDL-cholestérol à plus de deux fois celui obtenu » avec les anti-protéases.

C’est un élément majeur, car les troubles des lipides sont une préoccupation constante pour ces malades. Ils provoquent des déformations et augmentent les pathologies cardio-vasculaires. Comme le souligne le Pr Jean-Michel Molina (CHU Saint-Louis, Paris) il devient possible « de sélectionner les malades susceptibles (d’avoir la meilleure tolérance) et d’obtenir une très bonne efficacité sans intolérance grave (…). Et cela sans les inconvénients cardio-vasculaires des anti-protéases, de plus en plus importants aujourd’hui. Ce travail remet au goût du jour une molécule qu’on avait un peu tendance à délaisser. »

Eh oui, la recherche aussi a ses « effets de mode »… « En 1996-97, on ne parlait que des anti-protéases » explique le Pr François Raffi (CHU de Nantes). « Or quand on regarde les 26 ou 28 antirétroviraux disponibles aujourd’hui, on est étonné de voir la place que conserve la Nevirapine après 13 ans. Sur 1 300 patients que nous suivons, environ 35% en reçoivent quotidiennement. Car en fait, 80% des malades ne feront jamais l’expérience de la maladie SIDA. Nous devrons les traiter pendant 30 ans ou 40 ans, et il est important de rechercher la tolérance et la durabilité du traitement. Nous devons tout faire pour leur éviter aussi, la co-morbidité liée aux antirétroviraux… »

  • Source : de nos envoyés spéciaux à la 5ème conférence de l’IAS, Le Cap, 19-22 juillet 2009 ; Etude ARTEN (Atazanavir/Ritonavir on a background of Tenofovir and Emtricitabine (Truvada®) vs Nevirapine) ; interviews du Pr Vicente Soriano et du Pr J-M. Molina le 19 juillet 2009, et du Pr François Raffi le 22 juillet 2009

Destination Santé
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