Coqueluche : le Centre national de référence alerte « sur une forte augmentation du nombre de cas »
05 juin 2024
Les cas de coqueluche ont connu un boom inattendu ces derniers mois avec près de 6 000 nouveaux cas positifs depuis le début de l’année 2024, dont plus de 3 000 rien que pour le mois de mai. Pour comparaison, 496 cas ont été recensés en 2023. Le Centre national de référence (Institut Pasteur) appelle à la plus grande vigilance et souligne que deux souches résistantes aux antibiotiques ont été identifiées en France.
5 854 cas de coqueluche ont été recensés depuis le début de l’année 2024. C’est près de 12 fois plus que le nombre de cas enregistrés sur l’ensemble de l’année 2023, qui était de seulement 495 cas. En 2022, selon l’Institut Pasteur, 67 cas positifs avaient été dénombrés, 34 en 2021. Et les chiffres sont vertigineux. Selon le Centre national de référence sur la coqueluche (Institut Pasteur) qui a alerté sur l’explosion du nombre de cas ce mercredi 5 juin, « plus de 1 400 cas confirmés par qPCR (PCR quantitative) ont été détectés en avril 2024 et plus de 3 000 en mai 2024 ».
L’épidémiologie de la coqueluche est cyclique, de 3 à 5 ans. Si la recrudescence actuelle n’est donc pas étonnante, « en revanche, elle est particulièrement intense ». Une piste : une plus faible immunité de la population après les années Covid et les gestes barrières. En 2017, année où le nombre de cas de coqueluche a été le plus important sur la période 2015 – 2023, 3 354 cas avaient été comptabilisés, soit beaucoup moins que les chiffres de 2024, lesquels sont déjà largement supérieurs.
Des souches résistantes aux antibiotiques
Les enfants et nourrissons sont les plus à risque de développer une forme grave de la maladie. « Chez les jeunes enfants, les complications notables sont des pneumonies ou des affections neurologiques (crises convulsives, encéphalites). Chez le nourrisson, la coqueluche peut être très grave voire mortelle car accompagnée d’une défaillance respiratoire ou multiviscérale », souligne l’Institut Pasteur. Concernant la flambée épidémique actuelle, « plusieurs cas de coqueluche grave chez des nourrissons ont été observés, nécessitant une prise en charge en réanimation ».
De plus, alors que les macrolides sont les antibiotiques de choix pour le traitement de la coqueluche, deux souches résistantes ont été identifiées en France en février et avril 2024. Jusqu’ici, une seule souche avait été repérée, en 2011. « La résistance de B. pertussis à ces antibiotiques est très élevée dans les régions asiatiques (particulièrement en Chine), mais reste rare en dehors de cette zone », précise le CNR.
« Une grande vigilance s’impose donc au niveau de la surveillance, du diagnostic et de la prise en charge des patients présentant des symptômes évocateurs de la coqueluche ainsi que des personnes contacts. Il est également crucial de faire remonter les cas groupés ou clusters aux Agences Régionales de Santé en charge, et de mettre en place des mesures de gestion et des mesures préventives », conclut le CNR dans sa publication.
Une maladie très contagieuse
Infection respiratoire causée par la bactérie Bordetella pertussis principalement, la maladie est extrêmement contagieuse. En effet, une personne contaminée transmet en moyenne la maladie à 15 individus, par voie aérienne, lors de contacts directs. En France, alors que le vaccin est obligatoire chez les nourrissons depuis le 1er janvier 2018, la contamination s’opère essentiellement des adultes ou adolescents – chez qui les rappels n’ont pas été réalisés – vers les nourrissons qui n’ont pas encore été vaccinés.
Pour rappel, une injection à deux mois et une à quatre mois de vie est obligatoire, suivi d’un rappel à 11 mois, d’un autre à 6 ans, puis entre 11 et 13 ans. Pour les adultes, un rappel est prévu à 25 ans et proposé jusqu’à 39 ans révolus, s’il n’a pas été réalisé. Afin de protéger les nouveau-nés avant la première injection, la Haute autorité de santé recommande la vaccination chez la femme enceinte à partir du deuxième trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée. Objectif : augmenter le transfert passif à travers le placenta des anticorps maternels et assurer ainsi une protection optimale du nouveau-né grâce aux anticorps de sa mère.
De violentes quintes de toux
En cas d’infection, la phase d’incubation est suivie d’une rhinorrhée (écoulement nasal) qui peut durer deux semaines. Vient ensuite la phase paroxystique caractérisée par une toux persistante de plus de 7 jours. Les quintes de toux sont associées à une reprise inspiratoire difficile et peuvent être suivies de vomissements. « Chez les nourrissons peuvent survenir des apnées parfois accompagnées de bradycardies (rythme cardiaque inférieur à la normale), ou encore des accès de cyanose (coloration bleutée de la peau) lors des quintes. Chez les adolescents et adultes, une recrudescence nocturne est observée dans la majorité des cas », note l’Institut Pasteur.
Une fois le diagnostic confirmé par des examens biologiques, le traitement repose sur la prise d’antibiotiques de la famille des macrolides. Le traitement est également prescrit à toutes les personnes proches du patient si elles n’ont pas reçu de rappel vaccinal dans les cinq dernières années.
La tendance à l’augmentation des cas de coqueluche est identique dans plusieurs pays d’Europe, avec des épidémies importantes notamment en Croatie, au Danemark ou au Royaume-Uni. Selon Santé publique France, il y aurait chaque année 40 millions de cas et 300 000 décès liés à la coqueluche dans le monde.
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Source : Institut Pasteur, Ameli.fr, Santé Publique France, CNR
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Hélène Joubert