Coronavirus : le pangolin, possible chaînon manquant
10 février 2020
Foto Mous/shutterstock.com
Des chercheurs chinois pensent avoir identifié l’animal à l’origine de la transmission du nouveau coronavirus à l’homme. Il s’agirait du pangolin. Une découverte qui intervient alors même que l’épidémie pourrait reprendre de la vigueur. Plus de 40 000 cas ont déjà été confirmés, dont 910 mortels (plus que le Sras).
Partout dans le monde, des équipes travaillent au développement d’un vaccin ou d’un traitement contre le 2019-nCoV, né en Chine mi-décembre. Mais pas seulement : d’autres spécialistes sont mobilisés pour comprendre les origines de ce coronavirus. Si la chauve-souris semble être, comme pour le Sras et le Mers-CoV, le réservoir du virus, des chercheurs de l’université d’agriculture du sud de la Chine disent avoir identifié son hôte intermédiaire. Il s’agirait du pangolin.
Inconnu dans nos contrées, le pangolin est un petit mammifère à écailles, en voie de disparition et très prisé en Asie du Sud-Est. Cousins éloignés du tatou, ces petits animaux seraient l’une des espèces les plus braconnées au monde pour leur chair et leurs écailles, qui auraient des vertus thérapeutiques. Selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle, les scientifiques chinois ont découvert une correspondance de 99% entre les séquences du génome des virus trouvés chez les pangolins et les malades confirmés. Avant d’en arriver à cette conclusion, les chercheurs avaient testé des échantillons provenant d’un millier d’espèces d’animaux sauvages.
Marché noir
Même s’ils restent prudents et attendent une parution dans une revue scientifique qui officialiserait ces résultats, d’autres chercheurs internationaux considèrent l’hypothèse comme plausible. Dans un article de Nature paru ce vendredi, Edward Holmes, spécialiste en virologie à l’université de Sydney (Australie), estime que « cela a du sens, car il existe maintenant d’autres données indiquant que les pangolins sont porteurs de virus qui sont étroitement liés au 2019-nCoV. »
Pour d’autres scientifiques en revanche, ces données sont encore trop parcellaires. Et il est impossible de confirmer que l’animal était bien vendu au marché de Wuhan, d’où est partie l’épidémie : espèce protégée et officiellement interdite à la vente, le pangolin ne se trouve qu’au marché noir. Difficile donc de tracer son parcours. Lors de l’épidémie de Sras en 2002-2003, c’est un autre animal sauvage qui avait servi d’hôte intermédiaire au virus : la civette palmiste masquée, également vendue sur les marchés et consommée en Chine.
A noter : La France compte désormais 11 cas confirmés. Les 5 derniers sont des Britanniques ayant séjourné en Haute-Savoie fin janvier. Leur état de santé n’inspire pas d’inquiétude. Au niveau mondial, alors qu’une mission internationale d’experts envoyée par l’OMS est attendue en Chine ce lundi, son directeur général a dit craindre l’expansion du virus hors de Chine, « avec la transmission de la maladie par des personnes n’ayant jamais séjourné dans ce pays. »
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Source : Nature, OMS, le 10 février 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet