Covid-19 : des anticorps pour prévenir et guérir

15 avril 2020

Mettre au point un traitement et un vaccin grâce aux anticorps développés par des malades en rémission du Covid-19. C'est l'objectif des chercheurs de l'Inserm et de l'Institut Pasteur, qui ambitionnent de reproduire ces anticorps au fort pouvoir neutralisant à grande échelle.

Lorsqu’il est confronté à un virus, le corps se défend en produisant des anticorps, fabriqués par les lymphocytes B. Ce sont ces cellules impliquées dans la réponse immunitaire qui intéressent les chercheurs du laboratoire Immunologie humorale de l’Institut Pasteur et de l’équipe Inserm, dirigée par Hugo Mouquet. Leur objectif ? Isoler des lymphocytes B spécifiques du virus à partir du sang de patients en rémission, et les utiliser pour permettre la production d’anticorps monoclonaux (tous identiques) potentiellement thérapeutiques, et contribuer au développement d’un vaccin.

Pour y parvenir, les chercheurs ont besoin d’anticorps monoclonaux provenant d’un seul lymphocyte B. « Chaque individu répond de façon unique à une infection, en produisant divers anticorps qui reconnaissent différentes composantes du virus », explique Hugo Mouquet. « Mais la capacité d’un anticorps à reconnaître un virus ne signifie pas qu’il est capable de le neutraliser. Si on veut trouver les bons, il faut les obtenir individuellement à partir de lymphocytes B spécifiques, en travaillant avec un seul lymphocyte à la fois, puis les cloner pour les étudier les uns après les autres ».

Clonage

Concrètement, les scientifiques vont sélectionner jusqu’à une vingtaine de prélèvements sanguins issus de patients en rémission du Covid-19, transmis par les médecins de l’hôpital Bichat (Paris) et l’hôpital de Crépy-en-Valois (Oise). Ces échantillons ont pour caractéristique de contenir des anticorps anti-Sars-Cov-2 de très grande qualité avec un fort pouvoir neutralisant, et des lymphocytes B à mémoires spécifiques du virus. Ces cellules mémorisent les propriétés du virus qui les ont activées, pour créer une réponse immunitaire plus rapide et efficace.

Ces lymphocytes et anticorps seront ensuite massivement clonés. On parlera alors « d’anticorps monoclonaux dits « recombinants », c’est-à-dire générés par des cellules humaines en culture dans lesquelles les chercheurs auront introduit les séquences d’ADN codant pour ces anticorps, issues des lymphocytes B des patients ». Ils seront enfin testés comme traitement potentiel : « cela se fait très bien sur le plan industriel : une centaine d’anticorps monoclonaux sont déjà disponibles sur le marché dans d’autres indications ».

  • Source : Inserm, le 15 avril 202

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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