Covid-19 : contagieux avant les symptômes

21 avril 2020

Près de la moitié des contaminations entre personnes par le SARS-CoV-2 auraient lieu avant que le malade contaminant ne manifeste les premiers symptômes. Ces résultats d’une étude chinoise remettent en question les mesures prises en France contre la propagation du virus.

Une grande partie des personnes infectées par le SARS-CoV-2 resteraient asymptomatiques. Mais peuvent-elles pour autant transmettre le pathogène ? Tous les malades sont-ils contagieux au même degré ? Et au même moment ? Pour tenter de répondre à ces questions, une équipe de la faculté de médecine de Guangzhou (Canton) et de l’université de Hong Kong a étudié l’évolution de l’excrétion virale chez 94 cas confirmés de Covid-19. Ces cas étaient survenus dans le contexte d’une circulation active du virus et alors qu’un confinement était imposé. L’âge moyen des participants était de 47 ans et ils présentaient tous une forme modérée de la maladie. Les chercheurs ont ensuite « croisé leurs résultats avec des données épidémiologiques générales sur la période d’incubation de SARS-CoV-2 et la dynamique des chaînes de transmission », explique l’Inserm.

Leurs observations révèlent que 44% des infections auraient pour origine une personne pré-symptomatique. En d’autres termes, celle-ci ne présentait encore aucun signe de la maladie au moment de contaminer un autre individu. Selon les analyses des auteurs, la contagiosité débuterait 2 à 3 jours avant la survenue des symptômes puis serait la plus élevée environ 0,7 jour avant les premières manifestations de la maladie. Enfin, la charge virale – que les chercheurs associent à la contagiosité – baisserait rapidement durant les 7 premiers jours et le malade resterait potentiellement contagieux jusqu’à 21 jours après apparition des symptômes.

Nécessaire renforcement des mesures de prévention ?

Cette découverte remet en question les mesures prises en France et dans de nombreux pays pour lutter contre la transmission de ce virus. « Une proportion significative des contaminations survenant en phase pré-symptomatique, l’efficacité des mesures de prévention mises en œuvre dès l’apparition des symptômes, tels que l’isolation, le suivi des contacts, les mesures barrière et le port du masque pour les personnes présentant des signes de la maladie serait largement réduite », soulignent les chercheurs.

Par conséquent, « les mesures barrière seraient nettement plus efficaces si elles étaient appliquées à tous », notent les auteurs. D’autant que « les personnes asymptomatiques sont moins vigilantes que si elles se savaient malades », estime l’Inserm.

En matière de suivi de contacts avec isolation des nouveaux cas, « les contacts devraient être recherchés jusqu’à 2 ou 3 jours avant l’apparition des symptômes », poursuivent-ils. C’est d’ailleurs ce qu’ont mis en œuvre Hong Kong et la Chine dès la fin du mois de février, avec des résultats probants.

Pour l’Inserm, ces informations « pourraient permettre d’adapter les recommandations sur les comportements-barrières, l’utilisation de masques, ainsi que le calibrage des méthodes de suivi de contacts ». Lors de sa dernière intervention prévoyant l’annonce du plan de déconfinement, le premier ministre Edouard Philippe a indiqué que le port du masque ne serait sans doute obligatoire que dans les transports publics.

A noter : Ce travail n’a pas étudié de personnes infectées sans développer du tout de symptômes de la maladie. Toutefois, rien ne permet d’écarter la contagiosité de ces asymptomatiques.

  • Source : Nature Medicine, avril 2020 – Inserm, avril 2020

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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