Covid-19 : la variante du virus inquiète
21 décembre 2020
Une variante du Sars-CoV-2 est récemment apparue outre-Manche. Dimanche, le ministère italien de la Santé a annoncé un premier cas importé sur son territoire. Plusieurs pays, dont la France, ont donc décidé d’interrompre les échanges avec le Royaume-Uni. Pour l’heure, que sait-on de cette forme de la Covid-19?
Tandis que la pandémie reprend de la vigueur un peu partout dans le monde, l’inquiétude grandit face à la propagation d’une forme mutante du virus de la Covid-19. Désormais, la variante baptisée VUI-202012/01* est aussi présente sur le continent européen. Provenant du Royaume-Uni où elle est d’abord apparue et s’est répandue dans le sud-est notamment, elle a été détectée dimanche à l’hôpital militaire Celio de Rome chez un patient rentré depuis peu d’Outre-Manche par avion. « Quelques autres cas ont également été rapportés par le Danemark, les Pays-Bas ainsi qu’en Belgique, par le biais des médias », ajoute le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Ce même dimanche, la France a annoncé la suspension de toute circulation en provenance du Royaume-Uni à compter de minuit, et ce pour 48 heures. Sont concernés « tous les déplacements de personnes, y compris liés aux transports de marchandises, par voie routière, aérienne, maritime ou ferroviaire », a précisé Matignon. L’Allemagne, l’Autriche, la Belgique et les Pays-Bas font également partie des pays ayant décidé de suspendre temporairement leurs échanges avec Londres.
Faut-il avoir peur de cette mutation ?
« De nombreuses mutations sont déjà survenues », précise le British Journal of Medicine (BMJ), dans un article récapitulatif sur la nouvelle variante de la Covid-19. « Mais seulement une petite minorité est susceptible de modifier le virus de façon significative. » Il semble que la variante VUI-202012/01 soit de celles-là. Mais dans quelle mesure ?
« Des analyses préliminaires réalisées au Royaume-Uni suggèrent que cette variante est nettement plus transmissible que les précédentes », indique l’ECDC. La transmissibilité de cette forme pourrait être 70% supérieure aux autres. Si les scientifiques n’en ont pas encore acquis la certitude, le BMJ indique que « les changements observés dans la protéine des spike (les piques couronnant le virus ndlr) pourraient en théorie induire que le virus devienne plus infectieux et se transmette donc plus facilement ».
Même incertitude concernant la dangerosité. « Les mutations rendant les virus plus transmissibles ne les rendent pas nécessairement plus dangereux », précise ainsi le BMJ.
Le vaccin sera-t-il efficace ?
Autre sujet d’inquiétude, l’efficacité du vaccin. Certes « la nouvelle variante du virus présente des mutations de la protéine des spike, ciblée par les 3 principaux vaccins », note le BMJ. Mais « les vaccins produisent des anticorps ciblant plusieurs régions de la protéine en question. Il est donc improbable que ces mutations les rendent moins efficaces », rassure la Revue médicale.
Cela dit, comme c’est le cas pour la grippe saisonnière, le virus de la Covid-19 sera amené à muter et le vaccin devra en conséquence être modifié. Heureusement, « le Sars-CoV-2 ne semble pas muter aussi vite que le virus de la grippe », rappelle le BMJ.
D’après Sharon Peacock, directrice du consortium Covid-19 Genomics UK (COG-UK), qui a repéré la variante du virus, « si un cas d’inefficacité du vaccin ou de réinfection après vaccination est constaté, celui-ci devra être séquencé génétiquement en priorité ». Pour adapter le vaccin au plus vite si nécessaire.
A noter: En date du 13 décembre, un total de 1 108 cas de la variante du virus avait été identifié au Royaume-Uni.
*La première « Variant Under Investigation » (VUI), en français « variante sous investigation » en décembre 2020. Elle se caractérise par 17 changements ou mutations sur le virus