Covid-19 : ne pas négliger le traitement des maladies cardiovasculaires
04 mai 2020
Chez les patients Covid-19 atteints d’une maladie chronique du cœur, la meilleure observance possible est de mise. Deux recommandations sont à retenir : si possible, ne pas arrêter de prendre ses médicaments et ne pas avoir le réflexe de l’automédication.
Quid des traitements chez les patients souffrant de maladies cardiovasculaires, et positifs au SARS-CoV-2 ?
Comme le rappelle le Pr Ariel Cohen, président de la Société française de Cardiologie (SFC), « en réanimation, on priorise évidemment la prise en charge symptomatique, qui correspond au traitement de la dysfonction des organes vitaux, poumons, reins… ». Côté traitement, « nous avons une vraie interrogation pour la prise en charge des maladies chroniques sous-jacentes. Il faut surtout maintenir autant que faire se peut le traitement de ces pathologies vasculaires et cérébro-vasculaires ». Et ne pas « avoir recours à l’automédication, pour toute maladie chronique », appuie le Pr Furber, président de la Fédération française de Cardiologie (FFC).
Aspirine à faible dose
Il convient de poursuivre la prise d’aspirine à faible dose (<100 mg/J), un traitement prescrit en très petite quantité aux « patients ayant des antécédents d’infarctus du myocarde, d’angine de poitrine, d’angioplastie coronaire avec pose d’un stent, de pontage coronaire ou d’AVC ». En cas d’interruption inopinée de ce traitement, il existe un sur-risque de récidive d’infarctus du myocarde ou d’AVC. Comme le rappelle le Pr Furber, « l’aspirine à faible dose n’a pas d’effet anti-inflammatoire ».
Et concernant les dosages élevés d’aspirine ? « A ce jour, le niveau de preuve de l’interaction des médicaments anti-inflammatoires n’est pas très élevé. On ne dispose pas d’assez d’élément pour trancher », souligne le Pr Furber. Mais par précaution, « les fortes doses d’aspirine [ayant] un effet anti-inflammatoire (…) ne sont pas préconisées, de même que les autres classes de médications anti-inflammatoires ».
L’aspirine n’est pas la seule molécule concernée. « Dans toutes les situations de prescription de traitement hors AMM, il faut rester extrêmement prudent à cause du risque d’interférences médicamenteuses, et de conséquences cardiaques qui peuvent être délétères » notamment en lien avec « la prise d’antiviraux, d’anticoagulants », souligne le Pr Cohen.
Enfin, les hypertenseurs sont aussi sur la liste des médicaments important en cardiologie. « Lors des consultations et téléconsultations, au début les gens étaient inquiets à cause de leur traitement en cas d’hypertension », témoigne le Pr Furber. « Or il ne faut pas interrompre un traitement hypertenseur, on sait qu’une hypertension déséquilibrée est un facteur de gravité en cas de complications liées au Covid-19 ».
Alimentation, activité physique et lien social
Et au-delà des médicaments, l’hygiène de vie prend aussi une place prépondérante dans le quotidien des maladies cardiovasculaires. Pour ces patients, le confinement présente des risques : le stress, la sédentarité forcée, la consommation accrue de tabac, le déséquilibre nutritionnel avec une consommation insuffisante de fruits et de légumes sont autant de conséquences possibles ‘de la vie entre quatre murs’. Il faut autant que possible « essayer de se nourrir de façon équilibrée, pratiquer une activité physique adaptée au minimum 30 minutes par jour et garder le lien social, pour limiter le stress, troisième facteur de risque d’infarctus du myocarde, après le tabac et l’hypertension ».
A noter : depuis le 15 mars, en cas de maladie chronique, vous n’avez pas besoin de renouveler votre ordonnance pour vous procurer vos traitements en pharmacie. L’ancienne ordonnance suffit.
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Source : Interview du Pr Ariel Cohen, président de la Société Française de Cardiologie (SFC) et du Pr Alain Furber, président de la Fédération Française de Cardiologie (FFC), le 24 avril 2020
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet