Covid-19 : quid du Paxlovid ?
07 novembre 2022
Amplifier l’usage du Paxlovid. Voilà la principale recommandation récemment émise par le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) concernant le traitement des personnes atteintes par le Covid-19. Sur quoi repose-t-elle ?
La stratégie du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars, ex-Conseil sanitaire) tient en quatre verbes : « Prévenir, dépister, traiter, impliquer ». Si la vaccination, le port du masque et la ventilation sont les recommandations majeures du volet prévention, le chapitre traitement, lui, repose essentiellement sur l’amplification de l’usage du Paxlovid. Mais de quoi s’agit-il ?
Conçu par le laboratoire américain Pfizer (comme le vaccin à ARN messager Pfzer-BioNTech), il est disponible en France depuis février 2022, rappellent les membres du Covars, qui déplorent dans le même temps un niveau de prescription insuffisant. Il s’agit pourtant du « seul traitement de première intention à utiliser dans les 5 jours des premiers signes, quel que soit le variant de SARS-CoV-2 ».
Quel est son mode d’action ? Le Paxlovid est un médicament issu de la combinaison des anti-viraux nirmatrelvir et ritonavir, qui « cible l’enzyme nécessaire à la réplication virale (…) et en inhibant son action, il bloque la réplication du SARS-CoV-2 dans l’organisme », explique l’Agence de sécurité du médicament (ANSM). Son administration est recommandée dans les premiers jours de l’infection « aux patients de plus de 60 ans ou ayant des facteurs de risque de forme sévère de Covid-19, quel que soit leur âge, ou ayant un déficit immunitaire sévère altérant la réponse ». Il semble enfin garder son efficacité, quel que soit le variant concerné.
Comment son efficacité a-t-elle été évaluée ? Le Paxlovid a fait l’objet d’une étude menée pendant le premier semestre 2022 par EPI-PHARE (groupement d’intérêt scientifique ANSM-Cnam) sur plus de 12 000 patients à risque de forme grave. Elle conclut que « les données de pharmacovigilance recueillies (…) confirment le profil de sécurité d’utilisation du Paxlovid ». Par ailleurs, souligne le Covars, « la réduction du risque de 89% des hospitalisations et des décès dans les 28 jours » a été démontrée et confirmée par les données en vie réelle en Israël et à Hong-Kong.
Pourquoi n’est-il pas davantage prescrit ? Bien que sûr, le traitement au Paxlovid ne convient pas à tous les patients : « la gestion des interactions médicamenteuses limite son utilisation chez les patients transplantés d’organe ou sous chimiothérapie, les insuffisants rénaux sévères et les patients dialysés », indique le Covars. Qui a identifié d’autres raisons pouvant expliquer le faible recours à ce traitement : une information insuffisante des professionnels de santé, la perception par les soignants et les patients d’une moindre gravité du variant Omicron et une disponibilité insuffisante dans les officines.
Quelles sont les autres options ? « Différents anticorps monoclonaux anti-viraux sont autorisés en traitement précoce et en prophylaxie pré-exposition de patients à haut risque de forme grave », comme les patients immunodéprimés. Mais face aux variants Omicron, l’efficacité de ces traitements préventifs a considérablement baissé. « De nouveaux anticorps actifs sur les variants sont en cours d’essai clinique », précise le Covars. Qui incite, avant toute chose, à « faciliter, amplifier, accélérer » la campagne de rappel de vaccination anti-Covid lancée début octobre, afin d’atteindre la cible des 18 millions de personnes éligibles d’ici à la fin de l’année.