Covid long : deux formes majeures observées par des chercheurs français
26 septembre 2023
Selon une récente étude publiée dans la revue Frontiers in Immunology, deux principaux types de réponses immunitaires seraient impliqués dans la survenue du Covid long. L’une est caractérisée par une réponse immunitaire très faible, l’autre par une forte réponse, à l’origine d’une inflammation. Explications.
Quels sont les mécanismes biologiques à l’origine du Covid long ? C’est ce qu’ont voulu savoir des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Inserm, en collaboration avec l’AP-HP. Ils ont recherché chez des patients atteints du Covid long, la production d’anticorps et la présence de lymphocytes T antiviraux. Ces patients ont été recrutés en 2021 et 2022 au sein de la cohorte Persicor, mise en place à l’Hôtel Dieu, à Paris.
Deux causes majeures de Covid long ont ainsi émergé : « près d’un tiers des malades présentent une réponse immunitaire très faible, tandis que les autres montrent une réponse au moins aussi forte que les personnes totalement rétablies de la Covid-19 », note l’Institut Pasteur dans un communiqué du 23 août.
Ainsi le premier groupe de patients présente une réplication virale persistante qui les empêche de guérir du Covid. Quant au second groupe, ils déclenchent une réponse immunitaire trop forte, ou persistante, qui crée une inflammation, à l’origine du Covid long. « Nos résultats suggèrent qu’il existe plusieurs types de Covid long, caractérisés soit par une réponse antivirale insuffisante, soit par une réponse antivirale excessive », précise Lisa Chakrabarti, chercheuse au sein de l’unité virus et immunité de l’Institut Pasteur. Dans le premier cas, les tests s’avèrent négatifs, ils sont en revanche positifs dans le second.
Des tests ultra-sensibles
Les chercheurs ont réussi à mettre au point des tests particulièrement sensibles pour ces patients « faibles répondeurs », dont les tests restaient négatifs malgré les symptômes. Grâce à ces tests, les scientifiques sont parvenus à observer une réponse immunitaire, bien que très faible, chez plus de la moitié des patients séronégatifs lors des tests classiques. « S’ils sont validés, ces tests de laboratoire plus sensibles pourraient être utilisés pour aider les patients séronégatifs à documenter leur infection, et permettraient donc de faciliter leur accès aux soins médicaux », anticipe Lisa Chakrabarti. Selon l’étude, ces patients ont tendance à présenter davantage de symptômes que chez les séropositifs.
Ces travaux, dont les résultats ont été publiés dans la revue Frontiers in Immunology, tendent à prouver qu’il existe plusieurs types de Covid long. Ils pourraient permettre de mieux en prendre en charge des patients en attente de diagnostic et de traitements durant plusieurs mois parfois.
En France, à la fin de l’année 2022, près de 2 millions de personnes présentaient une affection post-covid – covid long – soit 4 % de la population générale adulte, selon Santé publique France. Et environ 30 % des personnes infectées avaient déclaré un Covid long dans les trois mois suivant l’infection initiale. Les symptômes de la maladie sont nombreux : douleurs musculaires, articulaires, grande fatigue, maux de ventre, difficultés de concentration, difficultés respiratoires…
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Source : Divergent adaptive immune responses define two types of long Covid, Frontiers in immunology, 20 juillet 2023 – Institut Pasteur, 23 août 2023 – Santé publique France, 21 juin 2023
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche