Covid sévère : un déclin cognitif accéléré ?
10 mars 2022
Une nouvelle étude vient confirmer l’impact du Covid-19 sur le cerveau. Celle-ci porte sur les tous premiers patients âgés infectés par le virus Sars-CoV-2 à Wuhan (Chine), point de départ de la pandémie.
A Wuhan, début 2020, plusieurs milliers de personnes ont afflué dans les trois hôpitaux désignés pour accueillir les premiers malades atteints par l’affection provoquée par le virus Sars-CoV-2. C’est parmi ces patients que des chercheurs chinois ont sélectionné la vaste cohorte pour leur étude destinée à mesurer, sur le long terme, d’éventuels changements cognitifs consécutifs à l’infection.
Publiée dans la revue JAMA Neurology, cette étude porte sur les patients âgés de 60 ans et plus, hospitalisés entre le 10 février et le 10 avril 2020 et ayant survécu au Covid-19. Plus de 3 000 personnes répondaient à ces critères, mais une partie a été exclue : les personnes qui présentaient des troubles cognitifs ou neurologiques antérieurs à l’infection, et les personnes ayant un antécédent familial, une maladie cardiaque, hépatique ou rénale. Au total, plus de 1 400 ex-malades ont été inclus dans l’étude. Le groupe contrôle, lui, était constitué des conjoint(e)s de ces patients, tous non infectés.
12% des patients
Quelle(s) conclusion(s) tirent les auteurs de cette étude sur ce groupe particulier et sur le temps long ? Vont-elles(s) dans le même sens que d’autres travaux qui constataient chez les personnes atteintes des perturbations cognitives et cérébrales ? Il semblerait que oui, et ce tout particulièrement chez les personnes touchées par une forme sévère de Covid-19. L’évolution de leurs fonctions cognitives a été mesurée à six mois puis à un an, via un questionnaire et un entretien téléphonique conçus pour évaluer un éventuel déclin cognitif.
Premier résultat : un an après leur sortie de l’hôpital, un peu plus de 12% des participants présentaient un trouble cognitif (déficience cognitive légère ou démence). Chez les personnes les plus légèrement infectées, l’incidence de ces troubles était comparable à celle du groupe contrôle. Chez les plus sévèrement touchés en revanche, 15% étaient atteints de démence et un quart d’une déficience cognitive légère un an après leur sortie de l’hôpital. Pour les auteurs de l’étude, ces résultats suggèrent que dans sa forme sévère, le Covid-19 semble associé à une déficience cognitive à long terme. Et que « la pandémie peut contribuer de manière substantielle
au fardeau mondial de la démence à l’avenir ».
A noter : Avant la pandémie, les prévisions concernant l’incidence de la démence n’étaient déjà guère optimistes, tant au niveau européen que mondial. A horizon 2050, les cas devraient doubler en Europe et tripler dans le monde. Voire davantage donc, si ces résultats se confirment.