Crise d’adolescence : quand s’inquiéter ?
06 novembre 2012
L’adolescence est une période difficile. Les enfants se transforment progressivement en adultes. Et s’il est normal que leur comportement se modifie, certaines attitudes doivent interpeller les parents. Le Pr Philippe Duverger, psychiatre, spécialiste de l’enfant et de l’adolescent au CHU d’Angers, décrypte les signes liés à la crise d’adolescence.
« Qu’une jeune fille, par exemple, tente de s’émanciper par rapport au modèle de femme qu’elle a sous les yeux, en l’occurrence celui de sa mère, est tout à fait normal », rassure le Pr Duverger. « L’adolescente continue de s’identifier à elle, tout en luttant pour s’en différencier ». C’est ainsi qu’elle crée sa propre identité. L’adolescente effectue là un travail psychique naturel, et incontournable.
C’est pourquoi, la mère doit établir une nouvelle distance avec la jeune fille. Celle-ci n’est plus une enfant, mais pas encore une femme. « L’adolescente aspire à être regardée autrement par sa mère, et non abandonnée à elle-même. La mère doit aussi aider sa fille à dédramatiser ce qui lui arrive. La question la plus banale posée par les adolescentes, c’est ‘suis-je normale ?’ », poursuit Philippe Duverger. Or, l’angoisse éventuelle de la mère risque d’ajouter aux incertitudes de sa fille. Alors soyez optimistes! « Je rappelle que 85% des adolescents vont bien. Et ils ont besoin qu’on les rassure », ajoute-t-il.
Des raisons de s’inquiéter
En revanche, lorsque l’adolescente se fait du mal, il est légitime de commencer à s’inquiéter. « Si porter un jean déchiré peut l’aider à se différencier, la scarification pour sa part est le signe d’un mal-être profond. Elle se blesse parce qu’elle n’arrive pas à s’aimer telle qu’elle est, à créer son identité propre », explique le Pr Duverger. Ce mal-être peut se manifester par d’autres comportements destructeurs, comme la consommation d’alcool, de drogues, ou par des fugues.
Autre signe d’alerte: si la jeune fille s’enferme sur elle-même. Cela peut traduire un état de souffrance. « Faites en sorte qu’elle puisse parler à un adulte, même s’il s’agit d’un professeur ou d’une tante. Le plus important est qu’elle ne reste pas seule avec sa souffrance », conclut-il.
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Source : Interview du Pr Philippe Duverger, psychiatre, spécialiste de l’enfant et de l’adolescent au CHU d’Angers, 22 octobre 2012