Le cyber-harcèlement : plus fréquent entre les proches ?

24 août 2016

Caractérisé par des approches déplacées et intrusives sur la toile, le cyber-harcèlement constitue une agression morale. Selon des chercheurs américains, ce phénomène est fréquemment rapporté au sein d’un même groupe de jeunes, notamment lorsqu’ils sont engagés dans une relation amicale ou amoureuse de longue date.

Le cyber-harcèlement est couramment associé à l’intrusion à distance d’une tierce personne, d’un inconnu. Mais ce phénomène survient en réalité très fréquemment au sein d’un groupe de jeunes unis par l’amitié ou les sentiments amoureux. Pour le prouver, l’équipe du Pr Diane Felmlee (Université de l’Etat de Pennsylvanie) a étudié le contexte dans lequel surviennent ces épisodes d’atteintes à la dignité morale ou à la réputation. Un travail mené dans un établissement scolaire de New York en 2011 auprès de 800 adolescents âgés de 13 à 18 ans. Toutes les données de connexions sur Internet et les expériences de cyber-harcèlement (en tant que victimes et coupables) ont été analysées.

Résultats, 17,2% des volontaires ont été impliqués de près ou de loin dans une atteinte de type « cyber-harcèlement ». Dans le détail, 5,8% en ont été directement victimes et 9,1% se sont révélés des harceleurs. Enfin, 2,3% ont été à la fois harcelé et harceleur. Dans la majorité des cas, l’intrusion s’opérait sur Facebook ou par sms. « L’étude a révélé que la probabilité de  cyber-harcèlement  est 7 fois plus importante dans un groupe d’amis ou anciens amis», observent des scientifiques de l’American sociological association.

Une nette discrimination

Autres points, les filles sont deux fois plus victimes que les garçons. Une fragilité « liée au manque d’estime de la population féminine », explique le Pr Felmlee. Et la population jeune LGBTQ était, elle, 4 fois plus à risque d’endurer un épisode de cyber-harcèlement comparé aux jeunes hétérosexuels. « Une preuve supplémentaire que notre société stigmatise encore l’orientation sexuelle. » La plupart des victimes ont rapporté des insultes homophobes ou des publications non désirées sur la toile au sujet de leur orientation sexuelle.

Principale explication avancée, l’influence de l’esprit « compétitif et la place prégnante de l’estime de soi au sein d’un groupe » incite à rentrer dans l’intimité et à toucher les points faibles des autres. Ces comportements peuvent dans certains cas pousser les jeunes à se comparer entre eux et à adopter une forme d’intrusion pour se sentir supérieur aux autres. « Dans une relation amicale comme amoureuse, certains jeunes considèrent le cyber-harcèlement comme un moyen de s’imposer face à l’autre, ou bien de rester en contact avec la personne pour tenter de la faire revenir en cas d’éloignement ou de rupture ».

  • Source : 11th Annual Meeting of the American Sociological Association (ASA), le 20 août 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

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