De l’espace au lit d’hôpital, il n’y a qu’un saut !
11 octobre 2004
Quel point commun entre un astronaute et un malade hospitalisé ? L’un et l’autre sont parfois condamnés à l’immobilité. Cloué dans sa couchette pour l’un, sur son lit de douleur pour l’autre. Avec au bout du compte un risque réel de perte osseuse.
Quand ils reviennent sur terre les astronautes sont affaiblis. Ils ont perdu en masse musculaire mais aussi en densité osseuse. Les malades eux, lorsqu’ils ont subi une hospitalisation de plusieurs semaines, sont dans le même cas. Et les uns comme les autres se trouvent exposés à un affaiblissement musculaire, voire à un risque accru d’ostéoporose… des années plus tard.
A Seattle, dans le cadre de la 26ème réunion de l’American Society for Bone and Mineral Research (ASBMR), les Drs Dieter Felsenberg (Berlin) et Jörn Rittweger (Manchester) ont montré qu’il était possible de contrecarrer les inconvénients de ces immobilisations forcées. Le tout sans sortir les intéressés de leur confinement! L’utilisation quotidienne d’un appareillage de mobilisation neuro-musculaire -par des vibrations qui sollicitent les muscles des membres inférieurs- a permis de réduire dans des proportions appréciables la perte de performance musculaire et même de densité minérale osseuse (DMO) dans un groupe de 20 jeunes volontaires en bonne santé.
Les adeptes de cette nouvelle forme de “sport en chambre” ont en effet mieux préservé leur état de forme que les membres d’un groupe contrôle, simplement abandonnés à eux-mêmes. L’activité proposée pourtant, était modeste : 12 minutes de stimulations deux fois par jour et six jours par semaine. Au terme de l’expérience qui a duré 8 semaines -huit semaines couchés, tout de même, c’est dur !- tout le monde s’est prêté à une série de mesures. Les résultats ont été spectaculaires. A l’épreuve de saut en hauteur, les sujets “entraînés” n’avaient perdu que 13% contre plus de 31% à ceux du groupe contrôle. La force maximale instantanée a également été moins affectée dans le premier groupe (-10,5%) que dans le second (-26,2%).
Quant à la DMO, alors que chez les sujets entraînés elle n’accusait pas de diminution significative, ceux qui étaient restés complètement inactifs ont éprouvé des pertes de masse osseuses au niveau des tibias. Un travail qui ne bouleversera pas les connaissances sur l’ostéoporose. Mais qui pour la première fois, propose une solution efficace et simple pour contrer les effets délétères d’un alitement prolongé.