De la morphine dans des pains au pavot

04 mars 2019

Les autorités sanitaires signalent la présence de morphine et de codéine dans des pains aux graines de pavot. Le Pr Jean-Claude Alvarez, chef du laboratoire de pharmacologie et de toxicologie du Centre hospitalier universitaire Raymond-Poincaré à Garches, à l’origine de cette alerte nous en dit plus.

Des pains à la morphine. Les autorités sanitaires ont été informées par le Centre Antipoison de Paris d’un signalement de personnes ayant présenté des taux anormalement élevés d’alcaloïdes (morphine et codéine) dans leurs urines. Chose très curieuse, toutes ces personnes avaient en commun d’avoir consommé des pains aux graines de pavot.

4 mg de morphine. Le Pr Jean-Claude Alvarez explique que manger un sandwich aux graines de pavot « correspond à ingérer 4 mg de morphine. C’est seulement 2 fois moins que certains antidouleurs utilisé en cancérologie ! » Le pharmacologue raconte d’ailleurs qu’en laboratoire, certains de ses collègues ayant tenté de manger une baguette ont dû y renoncer étant pris « de somnolence ou encore de douleurs de la face ».

Le Pr Alvarez rassure cependant. « Tous les pains au pavot ne sont pas concernés. Il s’agit d’un seul lot contaminé. Il va falloir l’identifier ». Dans l’attente, le spécialiste déconseille « la consommation de ce type de produits, en particulier si vous exercez une activité nécessitant une attention particulière, comme la conduite par exemple, ou pour les populations fragiles (femmes enceintes ou allaitantes enfants…)».

Une contamination au moment de la récolte. Reste une question essentielle : comment le pavot, dénué de tout alcaloïde dans se version brute a-t-il pu être contaminé par de la morphine ou de la codéine ? Pour Jean-Claude Alvarez, pas de doute : « au moment de la cueillette, le latex que contient la plante a dû être libéré par mégarde et a contaminé les graines. Or, le latex du pavot, c’est de l’opium ».

  • Source : Interview du Pr Jean-Claude Alvarez, le 4 mars 2019

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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