Décès d’un nourrisson : l’administration de vitamine D suspectée
03 janvier 2017
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Le 21 décembre dernier, un nouveau-né de 10 jours est décédé après l’administration d’une dose d’Uvestérol D indiquée dans la prévention et le traitement de la carence en vitamine D. Le lien de cause à effet n’étant pas clairement établi, l’Agence nationale du médicament (ANSM) vient d’ordonner une enquête.
Le nourrisson est décédé après un arrêt cardio-respiratoire, à son domicile. Il avait au préalable reçu une dose d’Uvestérol D indiquée dans la prévention et le traitement de la carence en vitamine D chez le nouveau-né, le nourrisson et l’enfant jusqu’à 5 ans.
Même si, depuis 1990, date de la mise sur le marché du produit, aucun décès n’a été imputé à ce produit, ce dernier fait l’objet depuis 2006 d’une surveillance renforcée de la part des autorités sanitaires. En cause, de potentiels effets indésirables liés à son administration.
Revoir les recommandations…
En 2014, la Revue Prescrire alertait sur le fait que « l’Uvestérol exposait les nouveau-nés et les nourrissons à des malaises parfois graves ». Elle rapportait ainsi le cas d’une mère « ayant reçu une ordonnance préimprimée d’Uvestérol vitaminé ADEC ». Les professionnels de santé n’avaient alors pas expliqué à cette maman « les modalités particulières d’administration, ni la possibilité de mélanger les vitamines au lait dans le biberon. La mère n’avait pas lu la notice, et avait administré (le médicament) à l’enfant allongé en lui soulevant la tête et en vidant la pipette à piston de 1 ml sous sa langue. »
Rappelons en effet que lors de l’administration du produit, il est notamment important que le nourrisson soit installé en position semi-assise (tête en légère flexion, reposée sur l’avant-bras). Le produit doit être dispensé lentement pour laisser le temps à l’enfant de l’avaler naturellement. Il peut être administré pur ou dilué dans un peu d’eau ou de lait, dans une tétine ou un biberon de faible volume avant la tétée.
Sur les antennes de France Inter, le Pr Jean-François Bergman, chef de médecine interne à l’hôpital Lariboisière à Paris, qui a siégé à l’ANSM a d’ailleurs expliqué que c’est bien la façon de faire ingérer la vitamine D au bébé qui est en cause. Selon lui « la vraie question n’est pas de supprimer le médicament, mais de changer son mode d’administration. »
Des investigations sont en cours pour déterminer les causes exactes du décès et savoir s’il est susceptible d’être imputé à l’Uvestérol D. Les premières conclusions des investigations seront connues dans les prochains jours. « Elles permettront la mise en place des mesures qui s’avéreraient nécessaires », conclut l’ANSM.
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Source : ANSM, 2 janvier 2017 –France Inter, 3 janvier 2017 - Revue Prescrire, consultée le 3 janvier 2017
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon