Déconfinement : le plan du gouvernement

28 avril 2020

Le Premier ministre Edouard Philippe a présenté cet après-midi aux députés le plan de sortie du confinement du pays, entré en vigueur le 17 mars dernier. Cette stratégie nationale est progressive et laisse de la marge à l'échelon local. Le chef du gouvernement mise également sur le civisme des Français.

C’est devant une assemblée clairsemée pour cause de distanciation sociale qu’Edouard Philippe a présenté, pendant une heure, la stratégie nationale de sortie du confinement dans lequel la France est entrée voilà 6 semaines. Une « étape nécessaire », a dit le Premier ministre, qui a « montré son efficacité » et qui, « si elle durait trop longtemps, entraînerait des effets délétères », voire un « risque d’écroulement ».

Insistant sur le caractère totalement inédit de la situation, le chef du gouvernement a donc présenté les mesures qui seront prises dès le 11 mai, mais aussi celles qui restent à prendre. La stratégie du gouvernement a un objectif : relancer le pays, en évitant une nouvelle vague. Elle repose sur trois piliers : « protéger, tester, isoler ».

– « Protéger » : l’enjeu des masques
En l’absence de vaccin, traitement et immunité de groupe, « nous allons devoir vivre avec le virus, c’est un fait ». Distanciation sociale et gestes barrière devront toujours être observés, et le port du masque sera nécessaire, voire obligatoire dans certaines situations. Le Premier ministre l’a assuré : « il y aura assez de masques pour tout le monde ». Y compris dans les entreprises, les établissements scolaires et les crèches. Pour les distribuer, maires et préfets seront sollicités, ainsi que La Poste, les pharmacies ou la grande distribution.

– « Tester » : 700 000 tests/semaine
Comme pour le port du masque, « la doctrine a évolué » concernant les tests virologiques. L’objectif est désormais de réaliser 700 000 de ces tests par semaine au 11 mai. Ils seront pris en charge à 100% par l’Assurance maladie. En cas de test positif, un travail d’identification des cas contacts du malade sera effectué, en premier lieu par les médecins généralistes. Ces cas contacts seront eux aussi testés.

– « Isoler » : à la maison ou dans des hôtels
Pour « casser les chaînes de transmission », les malades seront isolés. Le Premier ministre a précisé qu’il reviendrait aux préfets et collectivités territoriales de déterminer les conditions de cette mise à l’écart : dans des hôtels réquisitionnés ou au domicile. Dans ce dernier cas, c’est toute la famille qui resterait donc confinée. A ce stade, Edouard Philippe compte s’appuyer « sur le civisme de chacun ». L’application de traçage numérique StopCovid ne sera pas mise en œuvre pour le moment et fera l’objet d’un débat et d’un vote spécifique, le cas échéant.

– Progressivité et gestion décentralisée du déconfinement
Le Premier ministre a rappelé que la stratégie nationale reposait sur les prévisions des nouvelles contaminations du Conseil scientifique (entre 1 000 et 3 000 nouveaux cas par jour au 11 mai). Les indicateurs seront surveillés de près, et s’ils « ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai, ou alors plus durement ». Cette levée du confinement sera territorialisée et dépendra du taux de nouvelles contaminations, d’éventuelles tensions des capacités de réanimation au niveau régional et du degré de préparation des systèmes de tests et de détection des cas contacts. Les départements seront classés selon différents degrés (« vert », « rouge »…). La décision sera rendue le 7 mai.

– Ecole : des conditions sanitaires strictes
Le Premier ministre a confirmé que le retour à l’école se ferait « sur la base du volontariat » des parents. Les établissements scolaires rouvriront « très progressivement » leurs portes à partir du 11 mai, dans les écoles maternelles et élémentaires, sur tout le territoire. Viendront ensuite les collèges, et une décision sera prise fin mai concernant un éventuel retour au lycée début juin. Ce retour en classe s’effectuera dans des « conditions sanitaires strictes » : pas plus de 15 élèves par classe, respect des gestes barrière et de la distanciation. Lorsqu’elle sera impossible, les enseignants devront porter un masque. Les élèves du collège devront également en porter, ceux du primaire dans certains cas, mais pas les enfants scolarisés en maternelle. Dans les crèches également, des mesures seront prises : groupes de 10 enfants maximum, masques pour les professionnels de la petite enfance mais pas pour les enfants.

– Privilégier le télétravail
D’ici au 11 mai, « le télétravail devra être maintenu partout où c’est possible (…) pour limiter le recours aux transports publics », a insisté Edouard Philippe. Pour les entreprises qui ne peuvent pas mettre en place cette mesure, les horaires décalés devront être encouragés pour restreindre les contacts physiques entre un trop grand nombre de salariés. Le port du masque devra là aussi être mis œuvre quand la distanciation sera impossible. Pour les employeurs, la mesure d’activité partielle reste en vigueur jusqu’au 1er juin, puis sera adaptée.

– Transports urbains : masque obligatoire
Dans les transports urbains, les masques seront obligatoires. Il sera demandé aux régies de transport de condamner un siège sur deux dans les bus, métros et tramways, et de mettre en place un marquage au sol sur les quais, toujours dans un souci de distanciation sociale. Une concertation pour organiser les flux sera par ailleurs menée au niveau local. Dans les taxis ou VTC non équipés de vitre plexiglas, les masques seront aussi obligatoires.

– Commerces : réouverture sous conditions
A l’exception des cafés et restaurants qui connaîtront leur sort fin mai, les commerces « non essentiels » vont pouvoir rouvrir leurs portes, et les marchés seront à nouveau autorisés, sauf décision contraire des autorités locales. Dans les magasins, le nombre de personnes devra être limité et les flux gérés. Les commerçants pourront « conditionner l’entrée dans leur magasin au port d’un masque ». Certaines très grandes surfaces devront probablement rester fermées.

– Déplacements : plus d’attestation obligatoire, sauf…
Les attestations de déplacement ne seront plus nécessaires à compter du 11 mai, sauf pour les déplacements à plus de 100 km du domicile. Les déplacements interrégionaux seront limités au cadre professionnel ou aux motifs familiaux impérieux.

– Loisirs : des bonnes nouvelles… et des moins bonnes
Il n’y aura pas de reprise des championnats sportifs, à commencer par celui de football. Cinémas, grands musées, salles de concert, salles des fêtes et salles polyvalentes resteront fermés jusqu’au 2 juin. Les festivals et salons professionnels réunissant plus de 5 000 personnes ne pourront pas se tenir avant septembre. Sports collectifs et/ou dans des lieux couverts seront toujours interdits. En revanche, les activités de plein air pourront reprendre, pourquoi pas dans les parcs et jardins qui auront l’autorisation de rouvrir (seulement dans les départements « verts »). Les bibliothèques, médiathèques ou petits musées pourront aussi accueillir du public dès le 11 mai. Mais pas les plages, qui resteront inaccessibles jusqu’au 1er juin, au moins.

– Et les personnes âgées ?
Le Premier ministre est resté relativement évasif sur le sujet, indiquant simplement que les « personnes âgées et fragiles devront continuer à se protéger », et que les visites et les sorties devront « être entourées de précaution ».

Le chef du gouvernement devrait à nouveau s’exprimer fin mai, et annoncer la décision prise concernant la réouverture des cafés, restaurants, et bien sûr les vacances.

  • Source : Discours du Premier ministre à l'Assemblée nationale, le 28 avril 2020

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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