Déjà 6 ans et demi de recul en vaccination contre le cancer du col de l’utérus
25 mars 2008
Six ans et demi. C’est le recul inégalé dont disposent les auteurs de l’étude HPV-001/007 avec le vaccin Cervarix. Ces résultats, dévoilés début mars au 39ème congrès international sur les Cancers gynécologiques de Tampa (Floride), ont été commentés lors du dernier MEDEC à Paris. Dans les conditions de l’étude, le vaccin a prévenu jusqu’à 100% des lésions liées aux virus de types HPV-16 et/ou HPV-18.
Ces virus on le sait, sont à l’origine d’environ 70% des cancers du col de l’utérus. Des cancers qui font chaque année dans le monde 270 000 victimes – une femme toutes les deux minutes. Plus de 80% des cas sont observés dans les pays en développement, mais la France n’est pas exempte. Près de 3 400 cancers du col sont identifiés chaque année dans notre pays – 3 387 en 2000 – et plus de 1 000 femmes le paient de leur vie.
A partir du mois de mai 2008, les deux vaccins devraient être disponibles en France. Le Gardasil (Sanofi Pasteur MSD) protège contre les virus HPV-6, 11, 16, 18. En plus des virus responsables du cancer du col, son effet s’étend à deux sérotypes responsables des verrues génitales et condylomes acuminées. Le vaccin Cervarix pour sa part, cible exclusivementles cancers du col. Il ambitionne aussi une immunité de longue durée. Celle-ci est appuyée sur l’adjuvant spécifique ASO4 . Egalement utilisé dans d’autres vaccins – herpès, hépatite B – il vient de prouver son efficacité et sa tolérance sur près de 6,5 ans. Mais ce n’est pas fini. Le suivi va continuer 3 ans.
Evalué à long terme sur plus de 75 000 personnes, cet adjuvant favoriserait des taux d’anticorps exceptionnellement élevés… et durables. Selon les travaux présentés à Tampa, ceux-ci « correspondent à au moins 11 fois ceux des anticorps naturels (…) (avec) une corrélation étroite entre ces taux d’anticorps sériques élevés et les taux retrouvés au niveau de la muqueuse cervicale (du col de l’utérus, n.d.l.r.) site de l’infection » En clair, les anticorps sont présents là ou attaque le virus et pas seulement dans le sang, à distance. Au MEDEC, le Pr Philippe Judlin de Nancy, a souligné l’intérêt de cette longue rémanence : « en fait après 25 mois, il n’y a plus de baisse (du taux d’anticorps) et on observe des taux 10 fois supérieurs à ceux de l’immunité naturelle ».
Or si ces vaccinations sont efficaces, elles sont coûteuses. Trois injections successives pour un coût unitaire d’environ 150 euros. Et la durée de l’immunité ainsi acquise est naturellement primordiale. Si les autorités recommandent de vacciner « à partir de 14 ans » , il n’y a pas consensus. La primo-infection ne protège de réinfections ultérieures, et la plupart des femmes sont infectées par le HPV au cours de leur vie. Certains spécialistes suggèrent donc de vacciner même plus tard dans la vie. L’Académie nationale de Médecine pour sa part, estime « évident que la stratégie de choix (…) sera la vaccination très précoce des filles avant les premiers rapports sexuels. » D’ailleurs soulignait Philippe Judlin au MEDEC, « les attouchements sexuels sont contaminants », eux aussi.
Pour résumer cette importante session du MEDEC, l’existence de 2 vaccins contre le cancer du col de l’utérus est un véritable atout de santé publique. Mais cela ne résout pas comme par magie, le problème de santé publique posé par ces cancers :
- Parce que les vaccins sont impuissants à prévenir environ 30% de ces cancers ;
- Parce que la vaccination ne saurait dispenser d’un dépistage régulier des lésions précancéreuses. Deux années de suite à partir de 25 ans, puis une fois tous les 3 ans si les 2 premiers examens ont été négatifs. Et cela chez toutes les femmes, vaccinées ou non, jusqu’à 65 ans ;
- Que si le cancer du col se transmet par voie sexuelle, il existe des cofacteurs favorisants : le tabagisme, un grand nombre de grossesses, le recours pendant plus de 5 ans à la contraception orale ou le fait d’avoir eu d’autres infections sexuellement transmissibles.