Démence : quel impact sur la sexualité ?

22 septembre 2022

L’apparition d’une démence telle que la maladie d’Alzheimer a des répercussions importantes sur la sexualité. Celle-ci peut devenir inexistante, ou au contraire conduire le patient à adopter des comportements sexuels inappropriés.

La démence entraîne très souvent apathie, perte de la motivation et désintérêt sexuel. Comme pour toute maladie grave, dans un couple, cela peut conduire à « l’extinction des feux » … Mais dans un certain nombre de cas, évalués selon les études entre 2 et 17 % des personnes atteintes, la démence entraîne une désinhibition sexuelle, voire une hypersexualité, avec des comportements sexuels inappropriés (CSI) qui peuvent être très troublants pour le partenaire, les membres de la famille ou les autres aidants.

Les plus fréquemment rapportés sont un langage obscène, des actes sexuels implicites – par exemple le fait de demander des soins génitaux non nécessaires – ou des actes sexuels explicites, comme faire des avances sexuelles à des soignants ou au voisinage, se déshabiller ou dévêtir les autres, procéder à des attouchements, ou encore se masturber en public… « C’est un sujet assez peu souvent abordé par le corps médical, car en France, la sexualité est un sujet tabou. Surtout lorsqu’il s’agit de personnes âgées, et d’autant plus lorsqu’elles sont malades », rappelle sur son blog Amélie Wallyn, ergothérapeute auprès de personnes ayant la maladie d’Alzheimer.

Des comportements sexuels inappropriés

Une douleur, une fièvre, les effets secondaires d’un médicament ou toute autre pathologie créant de la confusion peuvent en être la cause, mais il s’agit souvent d’une aggravation de la démence : la zone cérébrale qui contrôle les comportements, et en particulier l’inhibition, peut-être atteinte. Autre explication : l’incapacité à reconnaître son époux ou épouse. « La personne malade s’imagine en couple avec une personne plus jeune qui a la même couleur de cheveux que son conjoint(e) dans le passé. La personne a des troubles de la mémoire, de l’orientation dans le temps, de jugement… Une confusion entre deux personnes est vite arrivée », précise encore Amélie Wallyn.

Dans tous les cas, proches et aidants ne devraient ni avoir honte ni se sentir gênés face à une personne atteinte de démence qui manifeste de tels comportements. Et encore moins adopter une attitude de rejet. Même si cela peut paraître difficile, il est important d’adopter une attitude bienveillante face à la sexualité de ces personnes, qui ont particulièrement besoin d’affection, de proximité, de tendresse et de contact. Comme le rappelle le centre d’informations et de consultations luxembourgeois compétent sur toutes les questions relatives aux troubles de la mémoire et à la démence, « la capacité à ressentir des sensations physiques reste généralement très longtemps intacte, malgré la dégradation mentale. Et c’est elle qui permet aux personnes avec des troubles neurocognitifs de se sentir entourées, protégées, aimées… ». Il est à l’inverse nécessaire de les protéger de tout abus, notamment en institution, car elles n’ont pas le discernement nécessaire pour donner leur consentement.

À savoir : L’association France Alzheimer mène diverses actions de soutien auprès des malades et organise des formations et des groupes de parole pour les aidants partout en France. Renseignements au 01 42 97 52 41.

  • Source : L’information psychiatrique, 2015 (Volume 91)

  • Ecrit par : Clara Delpas — édité par : Vincent Roche

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