Dépendance au tabac : la piste des gènes
27 décembre 2013
Des chercheurs français viennent de montrer chez la souris que le besoin de nicotine était fortement associé à une mutation génétique. Laquelle affecte le récepteur neuronal à la nicotine et désactive le circuit de récompense.
Lorsque le tabac est consommé, la nicotine qu’il contient se fixe à des récepteurs, ce qui entraîne l’activation du « circuit de récompense ». Et donc la sensation de bien-être. C’est l’effet de la nicotine sur le cerveau qui comble le manque ressenti par les fumeurs en cas de privation. En conséquence, la consommation de tabac est fortement liée à la sensibilité de ces récepteurs.
Des équipes INSERM et du CNRS viennent de faire une découverte selon laquelle la dépendance au tabac peut être influencée par le patrimoine génétique de l’individu. Chez la souris, ils ont montré qu’une mutation génétique avait pour conséquence d’abaisser fortement la sensibilité à la nicotine. Transposés à l’homme, ces résultats expliqueraient pourquoi certains fumeurs ont besoin d’une dose de tabac plus importante pour obtenir la même quantité de plaisir.
La mutation caractérisée par les chercheurs affecte une partie du récepteur nicotinique. Lorsqu’elle est présente, le fonctionnement de ce dernier est perturbé et le « circuit de récompense » est en conséquence partiellement inactivé.
Selon les auteurs, plus d’un Européens sur trois (35%) serait porteur de cette mutation, tout comme 90% des « gros » fumeurs. Selon les auteurs, « ces découvertes ouvrent la voie au développement de traitements de sevrage ‘personnalisés’, destinés aux fumeurs porteurs de cette mutation génétique ».
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot
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Source : Molecular Psychiatry, Institut Pasteur, CNRS, UPMC, 13 décembre 2013