Dépistage du cancer colorectal : un nouveau test très attendu
11 mai 2015
©Phovoir
Un nouveau test de dépistage du cancer colorectal va être progressivement mis à disposition en France. Présenté comme plus fiable, plus performant en termes de détection et plus simple d’utilisation, il vise surtout à booster la participation à la campagne nationale de dépistage qui reste trop faible, y compris en Bretagne. Les explications avec le Pr Michel Robaszkiewicz, chef de service de gastro-entérologie au CHU de Brest.
Avec 42 000 nouveaux cas, chaque année en France, le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent. Il est aussi le deuxième le plus meurtrier avec 17 500 morts par an. Ces chiffres d’autant plus insupportables que cette maladie peut être dépistée tôt lorsqu’elle est à un stade peu évolué
Ce dépistage s’effectuait jusqu’ici grâce au test Hemoccult®. « Son objectif était de détecter un saignement occulte dans les selles, c’est-à-dire du sang que ne se voit pas à l’œil nu », explique le Pr Robaszkiewicz. « Ces saignements peuvent être le marqueur soit d’un cancer soit de lésions précancéreuses, appelées polypes adénomateux. La méthode de détection reposait sur une réaction chimique qui mettait en évidence la présence ou non d’hémoglobine ».
Le test – OC Sensor® – vise le même objectif. En revanche, il est basé sur la détection d’hémoglobine humaine par des anticorps. C’est la raison pour laquelle il est qualifié d’’immunologique’. « A la différence de l’ancien test qui pouvait être perturbé par la présence d’hémoglobine animale issue de l’alimentation, ce nouveau test ne détecte que celle provenant de l’homme », poursuit le médecin. « Il est donc plus fiable et plus performant ». A tel point qu’il pourrait permettre de détecter 2 fois plus de cancers et 2 à 3 fois plus d’adénomes à risque de cancer.
Objectif 45%
Ce test immunologique apparait également plus simple d’utilisation car il ne nécessite qu’un seul prélèvement. Contre trois pour l’ancien test, ce qui constituait un vrai frein. Hemoccult® imposait de réaliser deux prélèvements par selle, sur trois selles successives… « Dorénavant, le recueil est facilité et plus hygiénique puisqu’il suffit juste de tremper l’extrémité de la petite tige de prélèvement dans les selles avant de la remettre dans le tube et de refermer », détaille le médecin, dans le but de rassurer les patients.
Pour les autorités sanitaires, l’enjeu est d’augmenter la participation au programme national de dépistage lancé en 2009. Il est proposé tous les deux ans, aux hommes et aux femmes de 50 à 74 ans selon des critères liés à leurs antécédents, qu’ils soient personnels ou familiaux. Cette participation reste toutefois très insuffisante puisqu’elle s’établit autour de 31% en 2012-2013. Le taux est très légèrement supérieur en Bretagne (33,80%) avec quelques différences selon les départements : 28,4% dans le Finistère, 33% dans le Morbihan, 31,5% dans les Côtes d’Armor et 41,9% dans l’Ille-et-Vilaine. « Et pour avoir un effet positif en termes de réduction de la mortalité, il convient au moins d’atteindre 45% au niveau national », conclut le Pr Robaszkiewicz.
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Source : Interview du Pr Michel Robaszkiewicz, 24 avril 2014 - Institut national du cancer, site consulté le 24 avril 2014
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet