Dépression de l’enfant : des traitements sur la sellette…

06 janvier 2006

Dans la dernière livraison du Lancet, une équipe britannique s’inquiète de l’efficacité des stratégies thérapeutiques disponibles contre la dépression de l’enfant. La majorité des antidépresseurs utilisés serait inappropriée.

Nous manquons clairement de traitements efficaces contre la dépression de l’enfant et de l’adolescent ” explique ainsi Tim Kendall, du National Collaborating Centre for Mental Health à Londres. Pour étayer son constat, il s’appuie sur une méta-analyse regroupant plusieurs études publiées pour certaines dans des revues de référence, mais dont beaucoup sont curieusement restées dans les tiroirs des rédacteurs en chef… ou des fabricants.

Résultat : toutes les études publiées mettent en évidence le rapport bénéfice/risque favorable des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, les antidépresseurs considérés comme la meilleure option thérapeutique dans ce domaine. Aujourd’hui, c’est la référence. En revanche, cette méta-analyse réserve quelques surprises…

Car l’intérêt de ce travail réside aussi dans l’analyse des résultats… non-publiées. Car d’après Kendall, ” à l’exception de la fluoxetine, la plus vaste étude met en évidence des risques supérieurs aux bénéfices chez les enfants et adolescents de 5 à 18 ans ! ” A titre d’exemple, les effets de la paroxetine auraient été associés à une augmentation, certes minime, des pensées suicidaires !

En conclusion, il souligne qu’ ” un meilleur accès aux études non publiées par l’industrie pharmaceutique serait (d’une importance) cruciale pour avoir une idée précise de l’innocuité des antidépresseurs chez les enfants et les adolescents “. Une opinion reprise dans l’éditorial du Lancet. Son auteur n’hésite d’ailleurs pas à employer les termes tromperie et de manipulation pour évoquer ce type de recherches…

  • Source : The Lancet, 23 avril 2004

Aller à la barre d’outils