Dépression : mieux l’identifier, mieux la traiter
17 mars 2004
Problèmes de sommeil, troubles du comportement alimentaire, fatigue inexpliquée et prolongée… La dépression est une maladie fréquente. Elle est aussi trop souvent mal diagnostiquée, donc mal soignée. Pourtant, elle touche de 5% à 15% de la population.
” Seuls 17% des déprimés sont correctement pris en charge, alors que la maladie est relativement facile à traiter “, dénonce le Pr Fréderic Rouillon (CHU Créteil). D’où vient le malaise ? Une enquête menée auprès de médecins généralistes et qui porte le doux nom d’ORPHEE – a récemment été lancée. Objectif : identifier ce qui pouvait être amélioré dans la prise en charge des déprimés.
” Les résultats ont montré que le médecin a une opinion parfois erronée de la maladie. Et aussi de son devenir après traitement “, observe le Pr Philippe Nuss (CHU, Saint Antoine, Paris). En clair, il a des idées préconçues et parfois, il n’arrive pas vraiment à discerner les patients atteints d’une simple tristesse, des déprimés vrais.
Ainsi, le médecin a quelquefois tendance à penser qu’un événement traumatisant – un licenciement, un divorce ou le décès d’un proche – est un facteur de dépression peu susceptible de céder au traitement. Avec donc un risque de dépression résistante…
” Or c’est la vulnérabilité du patient qui est un élément clé, bien plus important que l’événement en lui-même “, a expliqué le Pr Maurice Ferreri (CHU Saint Antoine de Paris). Le vécu personnel du patient, donc. En revanche l’anxiété, les troubles de la personnalité ainsi que les addictions diverses – alcool ou autres toxiques – sont souvent retrouvés chez les patients en échec de traitement.
Mais sur ce point, les médecins généralistes ne sont pas dupes. Ils savent aussi, que l’ancienneté de la maladie est essentielle. Une évidence: plus un patient attend pour demander de l’aide, plus il aura du mal à s’en sortir. Résultat d’une expérience vécue par de nombreux cliniciens. La dépression, il faut en parler. Sans attendre.