Dès 4 ans, les garçons associent « pouvoir » à « masculin »
10 janvier 2020
Brian A Jackson/shutterstock.com
Les hommes dirigent encore le monde. Et si les luttes féministes sont toujours actives, le conditionnement du patriarcat reste fort. Preuve en est une étude publiée dans la revue Sex Roles, selon laquelle les petits garçons associent majoritairement leur genre aux positions de pouvoir.
Dans la sphère politique, dans l’espace public comme dans la vie privée d’une majorité, la domination masculine ne fait aucun doute. Malgré des progrès notables, l’égalité des genres est encore loin d’être acquise. Par conséquent le pouvoir en général est largement associé au masculin. Mais dans quelle mesure ce conditionnement mental s’installe-t-il dès la plus tendre enfance ? Une équipe de chercheurs du CNRS* a mené une série d’expériences pour déterminer si des petits de 3 à 6 ans attribuent davantage de pouvoir aux figures masculines que féminines.
Dominance et subordination
Dans une première expérience, les enfants devaient regarder « une image où figuraient deux personnages non genrés dont l’un adoptait une posture physique de dominance et l’autre de subordination ». Dans ce contexte, les petits « devaient deviner lequel de ces deux personnages exerçait du pouvoir sur l’autre. Puis, ils devaient indiquer qui était la fille, qui était le garçon ». Résultat, dès 4 ans, une large majorité d’enfants considère que le personnage dominant est un garçon.
Deuxième expérience : des enfants de 4 et 5 ans, tous scolarisés en France, devaient imaginer qu’ils étaient eux-mêmes sur cette même image avec un autre personnage. Résultat, « lorsque les enfants devaient considérer leur relation de pouvoir avec ce personnage du même genre qu’eux, les filles comme les garçons s’identifiaient largement au personnage dominant ». En revanche, « si l’autre personnage était d’un genre différent du leur, les garçons s’identifiaient plus souvent au personnage dominant alors que les filles ne s’identifiaient significativement pas plus à l’un ou l’autre des personnages. »
Sensibilité précoce à une hiérarchie des genres
Au cours d’un dernier exercice, des enfants de 4 et 5 ans du Liban et de France assistaient à une série d’échanges entre deux marionnettes, l’une représentant une fille et l’autre un garçon, derrière un cache. « En France comme au Liban, la plupart des garçons considéraient que la marionnette qui imposait ses choix ou qui avait plus d’argent était la marionnette masculine », notent les auteurs. A l’inverse, « les filles des deux pays n’attribuaient pas la position dominante préférentiellement à l’un ou l’autre genre ».
Ces diverses expériences soulignent le conditionnement précoce concernant les relations de pouvoir parmi les genres. En effet, « une sensibilité précoce des enfants à une hiérarchie entre les genres (a été observée ndlr), bien que les filles, dans certaines situations, n’associent pas pouvoir et masculinité », concluent les scientifiques.
*Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1), en collaboration avec les universités d’Oslo (Norvège), de Lausanne et de Neuchâtel (Suisse)